Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Le journaliste dit-il la vérité ?

 
Le vendredi 23 Mars 2018 les classes de Terminale S1 ainsi que Terminale ES se sont rendues au club de la presse de Strasbourg, à l’occasion de « la semaine de la presse dans les écoles ». Cette sortie pédagogique, dans le cadre des actions du Mois de l’Autre, a été co-organisée par Mme Gourmelon et Mme Le Van, avec comme accompagnateurs Mme Neiter et M. Zimmermann. Les élèves, déposés près de la gare, se sont rendus à pied jusqu’à leur destination. Ils sont arrivés vers 14h et ont rajouté des chaises dans la salle (au vue du nombre conséquent). 
Deux intervenants journalistes sont venus à la rencontre des élèves. La première intervenante s’appelait Bénédicte, journaliste depuis 5 ans pour des magazines de presse écrite, comme « La vie » ou « Alternatives économiques », ses articles spécialisés portent notamment sur des sujets d’urbanisme. L’autre intervenant s’appelait Gilles, ce journaliste retraité, actuellement indépendant, a pratiqué le métier de journaliste quasiment dix fois plus longtemps que Bénédicte : « Bénédicte pourrait être ma fille, et moi, je pourrais être votre grand-père ! », lance-t-il en souriant. Il a commencé dans l’audiovisuel où il a notamment travaillé pour France Télévision, à un moment où il n’y avait que quelques médias. C’est sur cette thématique de l’évolution du métier de journaliste que Gilles a fait réfléchir l’auditoire, à l’heure où il existe plus de 200 chaînes télévisées, des centaines de radios, une multitude de journaux, les réseaux sociaux, youtube, etc… Quand on demande aux élèves : « Qui lit un article de journal tous les jours ? », il y a très peu de réponses, de même quand on demande : « Qui lit chaque jour des articles sur des sites comme médiapart ? ». Alors qu’au contraire, les élèves ont plutôt tendance à chercher l’information dans les journaux télévisés, et surtout sur les réseaux sociaux. Les journalistes trouvent que c’est intéressant de constater ce phénomène, cependant ils mettent en garde les élèves sur la fiabilité des sources, car si les journalistes sont tenus « d’honnêteté intellectuelle, et donc ne doivent pas travestir les faits », il existe malheureusement de rares journalistes, qu’ils qualifient de « brebis galeuses », qui relaient des informations sans les vérifier pour faire la course au « buzz », due à la concurrence. Il faut consulter plusieurs sources, croiser les informations, pour tendre le plus possible vers la vérité, affirment les deux journalistes. C’est à travers une vidéo qu’ils démontrent que les sources ne sont pas impartiales, mais influencées par l’intérêt ou le point de vue de celui qui parle. Ils rappellent aussi que le « secret des sources » est un grand principe du journalisme. Gilles et Bénédicte affirment qu’il faut « oublier le mot d’objectivité dans notre métier », c’est pour cela qu’ils parlent plutôt « d’honnêteté intellectuelle ». 
Les journalistes en profitent pour nous montrer la « Une » de deux journaux diffusés le même jour, l’un est orienté plutôt de gauche, et l’autre, plutôt de droite. On voit que chaque journal défend sa ligne éditoriale dans le cadre de la grève des cheminots, c’est pour cela que les journalistes affirment qu’il est important d’avoir un esprit critique et d’être conscient des opinions politiques des divers journaux pour mieux comprendre l’actualité. Cette pluralité des orientations permet d’éviter la pensée unique. Vers la fin de l’intervention, nos deux journalistes affirment qu’il existe, certes, des pressions politiques et économiques, toutefois si un dossier doit être dévoilé, il le sera d’autant plus qu’avec la pluralité des médias actuels, « il est impossible de taire une information importante, aussi dérangeante soit-elle ». Ils évoquent ensuite la prise de risques qui fait partie de leur métier et mentionnent de célèbres journalistes, persécutés par le passé, mais encore actuellement. Enfin nos deux professionnels terminent leur intervention en donnant des conseils aux jeunes qui voudraient suivrent leurs pas, « soyez curieux, tolérants, ouverts d’esprit et rationnels ». Pour finir cette après-midi, les élèves ayant été attentifs ont eu droit à un verre de l’amitié, bien mérité, avant de rentrer au lycée avec la tête emplie de réflexions sur le lien complexe entre journalisme et vérité. 
 
Jules Pierrel, en service civique au Lycée du Haut-Barr