Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

                     
Allez, allez… ALLEZ !
 
Cortèges, manifestations, rassemblements… 
 
Les deux ateliers théâtre auxquels ont participé les élèves de 2de5 leur ont permis d’expérimenter, par le corps et le chœur, la devise d’Esope :  « L’union fait la force ».
Le lundi 5 novembre 2018, Hélène Oswald, musicienne, chanteuse, actrice, et Sylvie Bazin, comédienne, viennent au lycée du Haut-Barr, animer un premier atelier, qui sera suivi, le lundi 19 novembre, par l’intervention de Vidal Bini.
C’est à travers la pièce CORTEGE(S), de Thierry Simon, que les élèves de Mme Lanères découvrent d’autres aspects des manifestations, un peu plus réalistes (même si nous sommes ici dans le jeu) que les représentations fantasmées qu’ils doivent aux médias. 
    • Une manifestation, c’est quoi ?  leur demande Vidal Bini, danseur et chorégraphe de la compagnie La Lunette Théâtre.
    • Des casseurs !
    • Des voitures brûlées !
    • Des bombes lacrymo !
Stupeur. 
Finalement, le théâtre, art de l’illusion, n’a pas fini de nous en apprendre sur le réel.
 
Mais retournons à l’aube fraîche du 5 novembre. Après quelques échauffements, la comédienne Hélène Oswald apprend aux jeunes plusieurs techniques vocales pour faire sortir sa voix sans la forcer ni l’abîmer. Debout, assis en équilibre sur leurs mains, allongés, les lycéen.ne.s ressentent toutes les « caisses de résonnance » dont dispose leur corps, pour chanter, parler fort ou crier.
 
 
 
En grand cercle, les élèves apprennent un rythme en frappant des pieds et des mains : c’est celui du chant de Camille : « Allez, allez, allez ! » Un peu de coordination, de concentration, et quelques tours de cercle plus tard, nous ajoutons le refrain. « Allez ! » C’est tribal, simple et puissant.
Bien sûr, Hélène Oswald n’a pas choisi cette chanson au hasard : les jeunes la reconnaîtront quand ils assisteront à la représentation de Cortège(s), le 7 mars 2019. 
 
 
Sur ce rythme frappé les adolescent.e.s se placent face à face, formant deux groupes compacts, comme pour en découdre. C’est un combat d’énergies. Le groupe le plus uni l’emporte.
                                      « Allez ! »
 
Sylvie Bazin prend le relai pour exercer l’écoute collective des étudiant.e.s : placés en trois « familles de sons », ils scandent un rythme, entonnent une basse continue ou chantent une mélodie en boucle. Il s’agit de tenir le tempo, la note, et surtout de s’écouter les uns les autres. Une fois encore, c’est une belle leçon de vivre ensemble !
Merci aux élèves de 2de5 pour leur implication, et surtout un très grand MERCI aux deux comédiennes Hélène Oswald et Sylvie Bazin !
 
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 Cortèges
 
Deux semaines plus tard, le lundi 19 novembre 2018, à 8h, démarre le second atelier théâtre sur Cortège(s). Le chorégraphe Vidal Bini incite les élèves de 2de5 à sentir les lignes du corps. Un.e  lycéen.ne pose ses mains sur les épaules d’un.e camarade, qui déforme la ligne entre les deux mains, en étirant son dos, ployant son buste, serrant ses omoplates… Les mains du premier se déplacent, invitant le / la partenaire à modifier ses mouvements, pour remuer la nouvelle ligne créée. Ainsi chacun.e écoute à la fois son propre corps, et celui de l’autre. 
A présent, développons l’entente, la cohésion, à l’échelle de tout un groupe. Les 34 élèves se scindent en deux équipes ; l’une observe, l’autre avance, dans un silence assourdissant. Les cris et les slogans muets déforment les visages. Les observateurs prennent conscience du langage corporel : attitudes, expressions, poing levé, mouvement, élan… Ils remarquent également que lorsqu’une partie du groupe ne joue pas le jeu, rit ou regarde ailleurs, c’est l’ensemble qui semble dévitalisé. Même si la majorité des jeunes avancent avec conviction, sur un plateau de théâtre, les quelques « touristes » ôtent toute crédibilité aux autres. C’est flagrant. Nous éprouvons alors la douloureuse réciproque du proverbe d’Esope : la désunion fait la faiblesse. Vidal Bini insiste : « Des études attestent, dit-il, qu’il suffit de 5% de personnes non solidaires, dans un groupe, pour que tout parte en vrille. »
Les spectateurs deviennent acteurs, et inversement.
Deux cohortes se déplacent, mues par les injonctions de trois « manifestants » : 
    • « Go ! », le cortège se met en marche.  
    • « Change ! » Les poings levés deviennent mains frappées ou tout autre geste exprimant une force, un élan.    
    • « Lent ! » « Vite !»   S’il est aisé de faire accélérer la foule, il s’avère bien plus difficile de la canaliser, de l’obliger à ralentir. Que serait-ce si nous étions des milliers, dans la rue ?
Un autre exercice théâtral apprend aux comédiens amateurs à contrôler précisément leur corps : le jeu au ralenti. Même les éventuelles paroles doivent être prononcées très lentement. L’effet est… cinématographique !
Et que se passe-t-il, quand on crie « Dispersion ! » et que la masse humaine s’éparpille en un clin d’œil ? Des chutes. Alizée est à terre. Rien de grave. Dans la pièce Cortège(s), Marion chute. Elle ne se relèvera jamais. Ainsi s’ouvre le drame. Comment l’annoncer aux parents de Marion ? Comment réagir face à l’instrumentalisation de sa mort ? Comment vivre, malgré le deuil ? 
Rendez-vous le 7 mars 2019, à l’Espace Rohan de Saverne.
Merci au danseur et chorégraphe Vidal Bini, ainsi qu’à toute la troupe de La Lunette Théâtre !
Edwige Lanères