Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 
Le 23 janvier 2019, les élèves de 1èS1 ont écouté, avec leur professeure Edwige Lanères, le témoignage poignant de deux rescapées Tutsies, puis un chorégraphe leur a permis de décharger leurs émotions grâce aux danses rwandaises.
 
C’est par un mercredi matin très neigeux qu’Immaculée Mpinganzima-Cattier, Gaudiose Vallière-Luhahe et Yves Intamati sont venu·e·s au lycée du Haut-Barr dans notre classe de 1èS1. Les deux femmes, brillantes porte-paroles des victimes tutsis, sont rescapées du génocide perpétré au Rwanda, ce petit pays montagneux entre le Congo, la Tanzanie et le Burundi, en Afrique centrale.
Pour commencer la séance, Gaudiose nous a raconté l’Histoire coloniale de cet état, en tâchant de démontrer comment la haine de l’autre a été créée, entraînant plus tard des discriminations entre « clans ». En effet, suite à la première Guerre Mondiale, la colonie allemande du Rwanda a été cédée aux Belges. Les colonisateurs décidèrent d’attribuer une identité pour chaque autochtone, en les distinguant selon leurs professions. Les Hutus étaient ceux qui possédaient des terres -autrement dit les agriculteurs-, et les Tutsis ceux qui avaient plus d’une dizaine de vaches, donc les éleveurs. Ainsi, dans une même famille, on pouvait trouver un Hutu et un Tutsi. Généralement plus grand·e·s et plus clair·e·s de peau, les Tutsis ont été considérés comme supérieurs par les Européens, selon leurs critères raciaux. Les colons donnèrent donc le pouvoir aux Tutsis, ce qui provoqua la jalousie de nombreux Hutus. Ces derniers s’emparèrent à leur tour des postes importants afin de gouverner le pays. Peu à peu, la haine des Hutus devint plus grande, prit de l’ampleur, entraînant des massacres à partir des années 1970. Mais l’événement le plus sanglant, qui reste à jamais marqué au fer rouge dans les mémoires, éclata en avril 1994 : le génocide des Tutsis. En cent jours, un million de Tutsis furent assassinés. Comment ces crimes contre l’humanité furent-ils possibles ?
 
 
L’intervenante nous a expliqué que les massacres et les discriminations envers les Tutsis ne commencèrent pas en 1974 mais bien vers les années 50, la décennie où Immaculée vit le jour. Son enfance avait un but : fuir pour survivre. Elle nous a conté comment avec sa famille elle avait dû fuir à la suite de la mort de son père avec sa mère, sa grand-mère, sa sœur et sa tante. Les massacres aux camps des réfugiés, le nombre de fois où elles avaient dû se contenter du minimum et les fois où elle fut emprisonnée pour avoir défendu sa mère contre le maire haineux. Plus tard, elle reçut une proposition de travail en Israël ; elle l’accepta. En 1994, elle apprit que sa famille avait été assassinée par des Hutus lors du génocide. Du jour au lendemain, elle perdit ses proches. Elle a dû se reconstruire, avec courage et pugnacité. Et parler, raconter son parcours, pour lutter contre l’oubli, voire le déni et le révisionnisme. Je pense qu’elle a encore bien du chemin à parcourir pour y parvenir car nous, lycéen·ne·s de 2019, nous n’avons jamais étudié ce génocide. Sans doute parce que le gouvernement refuse toujours d’ouvrir les archives aux chercheurs… C’est un combat qu’Immaculée mène avec courage et émotion. Aujourd’hui, elle témoigne de tout son cœur pour que cela ne se reproduise plus jamais, pour que la folie qui a pris les hommes ne recommence pas et pour que tout le monde vive en paix. Après tant d’épreuves, elle doit rassembler ses forces pour construire, avec nous, un avenir heureux. 
 
Mes camarades et moi, nous nous demandons pourquoi, encore aujourd’hui, toutes les archives concernant ce génocide ne sont pas mises à la disposition des  historien·ne·s pour comprendre ce qui s’est vraiment passé et pourquoi la France n’est pas intervenue pour sauver des vies. 
 
 
Lorsqu’Immaculée a terminé son récit, il nous restait une petite demi-heure pour nous initier aux danses rwandaises. Le chorégraphe Yves Intamati nous a demandé de pousser les chaises ; nous avons formé un grand cercle et dansé en riant. Il nous disait 1, 2 à droite ! 1, 2 à gauche ! Au début, personne n’était accordé et plusieurs d’entre nous s’entrechoquaient, mais nous nous sommes vite habitué·e·s au rythme, on est coriace ! Mme Lanères (notre prof préférée !!) nous a apporté des petites clochettes pour mettre autour du poignet ou de la cheville (quelques clochettes se sont retrouvées par terre…). Yves a lancé la musique, c’est là que tout le monde a perdu le rythme. Ainsi nous nous sommes mis à danser comme nous le voulions, ondulant à la façon d’Yves, Gaudiose et Immaculée, rigolant… Que d’émotions !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
C’était une matinée très agréable et très touchante à la fois, nous remercions vivement Immaculée Mpinganzima-Cattier ; Gaudiose Vallière-Luhahe et Yves Intamati pour leur intervention au lycée qui nous a vraiment beaucoup plu !
 
 
 
Lilou Thibaut-George, élève de 1èS1