Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Deux classes de terminale du Lycée du Haut-Barr (TS1 et TES) ont pu bénéficier chacune, jeudi 17. 10. 2019, d’une visite guidée d’une heure et demie de la section Louise Weiss du Musée de Saverne au Château des Rohan, présentée par leur professeure de philosophie, Claire Le Van, accompagnée de la documentaliste de l’établissement, Isabelle Gourmelon. 

 

Ces deux visites s’effectuent dans le cadre du partenariat du lycée avec le musée, qui se poursuit de façon fructueuse depuis plusieurs années. Il s’agit ainsi de sensibiliser les jeunes à la longue lutte qui a été nécessaire pour émanciper les femmes de la tutelle masculine. Ces visites s’inscrivent dans la préparation de l’œuvre suivie, que les élèves doivent connaître pour leur baccalauréat : John Stuart Mill, « L’asservissement des femmes ». Comme le titre l’indique, l’histoire de la femme a longtemps été sous le signe de l’esclavage, réel, et/ou symbolique, voilà pourquoi Louise Weiss a organisé en mai 1935, place la Bastille, une manifestation où les femmes ont symboliquement brûlé leurs chaînes. 

Lors de ce parcours dans les collections Louise Weiss, les élèves ont découvert la trajectoire de vie audacieuse de la « grand-mère de l’Europe ». Femme de lettres et de paix, journaliste, directrice de la revue « L’Europe Nouvelle », européenne de la première heure, femme de conviction engagée dans la lutte pour l’obtention du droit de vote des Françaises, experte en polémologie et irénologie (étude des causes de la guerre et de la paix), grand reporter à travers le monde, Louise Weiss présente de nombreuses facettes toutes aussi stimulantes qu’originales.  Les visites  ont été centrées sur la façon dont Louise Weiss a engagé un combat féministe, tout au long de sa vie, en s’inventant librement un destin qui n’a cessé de défrayer les préjugés et les stéréotypes sexistes de son époque. Sa vie et son œuvre sont imprégnées de revendications égalitaires, dans un style qui lui est propre, à savoir plein d’esprit et d’humour. Le féminisme de Louise Weiss n’a rien de revanchard, il est amusant et inventif. En effet, Louise Weiss, dans les années 1934 à 1936, fonde l’association « la Femme Nouvelle », et mène des actions d’éclat pour sensibiliser l’opinion publique. C’est ainsi qu’elle forge des slogans efficaces : « La femme est majeure pour ses fautes, mais mineures pour ses droits. Messieurs, accordez-leur le droit de vote ! ». Avec les suffragettes, elle organise des manifestations qui amusent le grand public, par exemple en lançant des petits ballons rouges auxquels sont attachés des tracts, lors de la finale de la coupe de France de football, et qui atterrissent sur la tribune présidentielle : toute la presse en parle. 
« Il faut créer l’événement, mais l’événement comique de manière à ce que le Français qui aime à rire soit entièrement avec nous ! ». C’est ainsi qu’elle offrira des myosotis aux députés, fleurs qui signifient : « Ne m’oubliez pas ! », et des chaussettes aux Sénateurs avec l’inscription : « Même si vous nous donnez le droit de vote, vos chaussettes seront raccommodées » ! Louise Weiss rallie trois grandes aviatrices (Maryse Bastié, Hélène Boucher et Adrienne Boland) à son combat. Elle arrivera donc en avion à un meeting en faveur du suffrage des femmes, ce qui fera sensation ! Elle va même lancer de fausses élections où elle se présente, alors qu’à cette époque la femme n’est ni éligible, ni électrice (les Françaises n’obtiendront ce droit qu’en 1944 et l’exerceront pour la première fois en 1945). En renouvelant le répertoire d’actions féministes, Louise Weiss a œuvré, par son exemple et ses engagements à ouvrir de nouvelles voix/voies aux femmes. Et l’enseignante de conclure : « Transmettre ces enseignements à la jeune génération, c’est leur rappeler que tous les droits ont été acquis de hautes luttes, et qu’il convient d’être vigilant pour qu’ils soient conservés ».