Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Le 14 janvier et le 11 février 2020, la comédienne et professeure d’arts dramatiques Françoise Lervy est venue au lycée du Haut-Barr, animer, avec Mme Lanères, deux ateliers théâtre sur des poèmes de Baudelaire.
 
« Avec ses vêtements ondoyants et nacrés
Même quand elle marche, on dirait qu’elle danse », déclament les jeunes de 1èG3, devant l’actrice venue les aider à mettre en scène quelques poèmes du célèbre recueil Les fleurs du mal.
Comment jouer ces vers ?
Et surtout, comment les prononcer naturellement, tout en respectant la prosodie des alexandrins ?
 
Tout un programme !
 
 
En mai 2020, les élèves joueront les poèmes mis en scène, à la médiathèque André Malraux de Strasbourg, devant des camarades venus de cinq établissements.
Aussi convient-il de s’entraîner un peu. Echauffons-nous, d’abord. Placés en cercle, massons notre crâne, nos yeux, nos joues, notre nuque ; tournons nos épaules, nos genoux, nos chevilles… A présent, la mâchoire. Voyez-vous, au centre du cercle, toutes ces patates chaudes ? Nous en attrapons une et la portons à notre bouche en nous contorsionnant à cause de la chaleur ! Ce faisant, nous prononçons en chœur toutes les voyelles, et puis toutes les consonnes. Le volume des voix augmente progressivement ; les gestes s’agrandissent ; nous voici prêts à prosodier les vers de Baudelaire.
 
 
Les futurs bacheliers ont appris quelques poèmes, en vue du bac de Français : « Au lecteur », « Avec ses vêtements », « A une mendiante rousse » et, pour les plus enthousiastes : « L’invitation au voyage ».
 
 
Méthodiquement, Françoise Lervy leur apprend à scander les vers, à marquer les pauses longues en tapant deux fois sur la cuisse, les pauses courtes une seule fois. Il faut également repérer les enjambements, pour que la poésie prenne tout son sens. Quant à la prononciation des fameux « -e » devant consonne… Cela fait débat. Pour l’épreuve orale du bac, Mme Lanères demande aux élèves une lecture académique. Cependant, les comédiens écoutés sur l’audiolivre des Fleurs du mal prennent des libertés avec ces règles ; comme eux, Mme Lervy prône une diction plus moderne. Alors les élèves s’adaptent au contexte, et aux poèmes. Les « longs serpents que les jongleurs sacrés / Aux bout de leurs bâtons agitent en cadence » deviennent sonores, musicaux, au fil des exercices de lecture. Chaque élève investit à sa façon les rythmes et les sons baudelairiens.
 
 
Si le poème liminaire, « Au lecteur », prend une teinte de plus en plus sombre, le blason « A une mendiante rousse » s’éclaire, au contraire, d’accents toniques, lumineux.
Répartis en petits groupes, les lycéen·nes imaginent des mises en scène, puis les proposent à leurs camarades. Les propositions retenues seront adaptées pour que toute la classe joue.
 
 
Vêtues de « vêtements ondoyants et nacrés », Manon et Alizée défileront au milieu d’un haie d’honneur formée par leurs camarades scandant les sinueux dodécasyllabes.
Pour la « mendiante rousse » changée en princesse par l’alchimie poétique de Baudelaire, trois jeunes filles – Emilie, Aimelyne et Maëva – sont courtisées par toute une « valetaille de rimeurs » : Emilien, Loïc, Yassin, Clémentin… Maël s’agenouille au pied des belles gueuses, tandis que Ian déclare sa flamme à la façon des poètes de La Pléiade cités par Baudelaire : Ronsard, Belleau…
 
 
En deux ateliers de trois heures, la comédienne F. Lervy a su guider nos apprentis comédien·nes, leur insuffler quelques techniques, et surtout l’audace, le goût de jouer sur scène !
 
 
Les jeunes ont encore trois mois pour écouter l’audiolivre des Fleurs du mal, s’imprégner de cette poésie résolument moderne et délicieusement ancienne en même temps. 
Rendez-vous au printemps, à Strasbourg, pour le concours La plume de paon des lycéen·nes !
Edwige Lanères