Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Quatre intervenants de Cartooning for Peace, Camille Pimenta Galvani, Anne Lourdin, Myriam Ibrahim et Pierre Pauma, journaliste et caricaturiste, sont venus rencontrer les élèves de Terminale et Première de la Spécialité « Humanités : Littérature et Philosophie », dans le cadre de leur cours de Philosophie avec Mme Le Van, vendredi 02. 10. 2020, avec le soutien de Mme Gourmelon et M. Saint-Eve, pour célébrer la « journée internationale de la non-violence » en l’articulant à la promotion de la liberté d’expression, droit fondamental.

 
Photo 1 : Les élèves de Première HLP devant l’exposition prêtée par Cartooning for Peace, en présence des quatre intervenants et des enseignants, tenant les lettres « journée internationale de la non-violence », pour inscrire cette journée de réflexion dans la perspective de la promotion d’une « culture de la paix ».
Lien du livret pédagogique d’accompagnement de l’exposition :
Pour préparer cette journée, les élèves ont reçu une photocopie du livret pédagogique et ont découvert l’exposition, en lisant attentivement les panneaux et en les commentant.
 
 
Photo 2 : Le groupe de Terminale HLP en train de s’approprier l’exposition et le livret pédagogique.
La journée a commencé par l’accueil des quatre intervenants qui ont découvert l’exposition installée dans le Hall central de l’établissement (du 28/09 au 16/10), afin de pouvoir être vue par tous. Constituée de 12 Roll-Up évoquant notamment la liberté d’expression, les différents types de censure, la façon dont les caricaturistes luttent contre les discriminations (sexisme, homophobie, antisémitisme, racisme…) ou les atteintes portées aux droits humains (déviances politiques, travail des enfants, violences de guerre…). Cette exposition présente des caricatures engagées en faveur de valeurs humanistes et démocratiques réalisées par des dessinateurs du monde entier.
 
 
Photo 3 : En arrivant, les intervenants se sont attardés sur la fameuse citation de Spinoza : « La paix n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice », commentée par l’enseignante de philosophie.
 
 
Photo 4 : Le proviseur, M. Buttner, a salué les intervenants, en rappelant que le lycée était affilié au réseau des écoles associées à l’UNESCO, pour promouvoir une « culture de la paix », et a souligné l’importance de la liberté d’expression dans un régime démocratique.
 
 
Photo 5 : Pierre Pauma a ensuite présenté son métier aux lycéens très intéressés. 
Il n’a pas caché les risques de la profession, car le dessin de presse est souvent provocateur, et peut susciter des réactions vives qui vont du simple désaccord jusqu’à l’assassinat, en passant par des situations intermédiaires comme des insultes, du harcèlement, des menaces, du doxing, voire des agressions ou de l’emprisonnement lorsque les régimes sont déviants. Camille Pimenta-Galvani a évoqué le cas d’Ali Ferzat, dessinateur de presse  en Syrie, qui s’est fait casser les doigts pour qu’il ne puisse plus caricaturer Bachar El Assad. 
 
 
Photo 6 : Caricature d’Ali Ferzat : Bachar el Assad s’assied sur un fauteuil hérissé de crayons !
 
A quoi sert le dessin de presse? 
 
Le dessin de presse veut amener les gens à réfléchir sur une question d’actualité au moyen de l’ironie, de l’humour noir, de la caricature, de l’outrance. Les dessinateurs de presse parviennent à rire des tragédies pour mieux les dénoncer. Ils peuvent heurter ou choquer, fédérer ou rassembler, ils ne laissent pas indifférent. 
Pierre Pauma a projeté un power point avec des caricatures de différents dessinateurs membres de l’association Cartooning for Peace. Il a souligné la force du dessin de presse, qui vaut comme message visuel et écrit, donc qui rassemble image et texte. Les co-intervenantes ont précisé que ce métier était souvent précaire, que les dessinateurs travaillaient de façon ponctuelle, par piges, et qu’il fallait être solide pour exprimer ses convictions malgré certaines réactions hostiles.
 
 
Photo 7 : Au moyen de cette caricature, le dessinateur, Piet de son nom d’artiste, prend à rebours la fameuse citation apocryphe de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire », montrant ainsi avec humour que la liberté d’expression que l’on croit acquise peut toujours être remise en cause : « Je suis d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ne le publiez pas » ( !).
 
 
Photo 8 : Les poires de Charles Philippon.
 
Piet a ensuite commenté les fameuses caricatures de Charles Philippon (1831) : Les Poires représentent la métamorphose, en quatre images, du roi Louis-Philippe Ier en poire. Cette caricature souligne le peu d'efficacité et la dégradation de la popularité du roi. Traduit en justice, le dessinateur a vu sa renommée amplifiée, et tout le monde s’est mis à dessiner des poires pour se moquer du roi ! Le dessinateur a expliqué qu’il s’agissait de « l’effet Streisand », phénomène au cours duquel la volonté d’empêcher la divulgation d’informations que l'on voudrait garder cachées déclenche le résultat inverse et suscite donc une focalisation importante sur ces informations.
 
 
Photo 9 : Pierre Pauma en train d’expliquer une caricature aux élèves, en présence de Camille Pimenta-Galvani qui co-anime la séance du matin.
 
Quelles sont les limites à la liberté d’expression ? 
 
Le journaliste a rappelé que la liberté de la presse date en France de 1881, et qu’en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’a réaffirmée fortement. Les limites de la liberté d’expression fixée par la loi sont : ne pas procéder à une diffamation ou une injure publique ; ne pas faire l’apologie des crimes de guerre ou du terrorisme ; ne pas inciter à la haine ; ne pas rejeter quelqu’un par rapport à un trait identitaire donc ne pas adopter des positions discriminatoires ; ne pas prôner le négationnisme. 
Pierre Pauma a insisté sur l’exception qui était accordée à la caricature dans un Etat de droit : la loi permet aux dessinateurs de presse d’adopter un ton irrévérencieux, outrancier, humoristique, à des fins d’information. 
 
Quels sont les différents types de censure qui peuvent limiter la liberté d’expression ?
 
Il a ensuite évoqué, avec les co-intervenantes, les différents types de censure qui peuvent endiguer la liberté d’expression : censure politique, groupes de pressions, auto-censure en raison des tabous… Au sujet de la censure d’Etat, il a mentionné un paradoxe : Kianoush (dessinateur en Iran) a réalisé des caricatures contre le pouvoir religieux de son pays, de ce fait a été menacé et a dû s’exiler en France qui lui a décerné un prix pour son engagement. A l’inverse, en Iran, il existe un concours de l’holocauste, qui prône l’antisémitisme, où des dessinateurs français censurés en France reçoivent des prix ! 
Puis il a thématisé la censure privée, en mentionnant le cas des lanceurs d’alerte, le fameux « secret des affaires », et les censures exercées par les réseaux sociaux. 
Les censures communautaires sont également puissantes, en attestent les intimidations que reçoivent les dessinateurs par les différents groupes religieux. Le cas de Charlie Hebdo a été bien évidemment mentionné et expliqué. 
Enfin, il leur a montré Anastasie, la fameuse allégorie de la censure, une vieille dame grincheuse, écoutant et surveillant tout, dotée d’un grand ciseau pour couper tout ce qui la dérange. 
 
 
Photo 10 : André Gill - Madame Anastasie (1874).
Puis, il a mis les élèves en action en leur demandant de commenter certaines caricatures, en travaillant par groupe, et de réaliser eux-mêmes des dessins de presse.
 
 
Photo 11 : Marine et Mézélie s’essayent à la caricature.
 
 
Photo 12 : Alizée et Markus en train d’analyser un dessin de presse.
 
 
Photo 13 : Arnaud, Gaëlle, Kélia et Kiara réfléchissent à la portée d’une caricature.
 
 
Photo 14 : Agathe interroge Pierre Pauma sur son métier.
 
 
Photo 15 : Les quatre intervenants animent les différents petits ateliers créatifs de la séance.
 
 
Photo 16 : Pierre Pauma réalise deux caricatures en direct sur le tableau blanc : le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et l’influenceuse Jazz. 
La sonnerie a retenti, nous faisant tous regretter que le temps des horloges passe si vite ! Après la pause déjeuner, les quatre intervenants sont venus rencontrer les premières HLP.  La séance de l’après-midi était co-animée par Anne Lourdin et Myriam Ibrahim. Nos collègues Isabelle Gourmelon,  et Nicolas Saint-Eve se sont joints à nous.
 
 
Photo 17 : Présentation aux élèves de 1HLP, en présence de la documentaliste, Isabelle Gourmelon et du stagiaire de philosophie Nicolas Saint-Eve.
 
 
Photo 18 : Mathilde et Camille lisent le Charlie Hebdo !
 
 
Photo 19 : Pierre Pauma fait circuler des livres de caricatures auprès des élèves.
 
Cette seconde séance a été aussi riche et stimulante que la première, avec de nombreux échanges entre les intervenants et les élèves. Tous les élèves de la spécialité HLP ont maintenant pour devoir de terminer les dessins entamés et leur réalisations seront envoyées au caricaturiste ainsi qu’aux co-intervenantes de Cartooning for Peace. 
 
Ces séances, du fait qu’elles apprennent à penser, auront été d’une réelle portée philosophique !
 
Merci aux intervenants, collègues et élèves qui ont contribué à la réussite de ce défi humaniste !
Au CDI, Mme Gourmelon a commandé des ouvrages de Cartooning for Peace sur des dessins de presse traitant de thèmes comme : les inégalités, les migrants, les droits humains… 
Ne pas hésiter à aller les consulter.
 
 
Photo 20 : les ouvrages de caricatures consultables au CDI.
 
Article des DNA