Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 

 

 
Photo N° 1 : Remise du prix de l’Ordre national du Mérite : les élèves acteurs récompensés avec les élèves de THLP qui ont aidé à l’organisation de la cérémonie.
 
Le mardi 23 mars était une journée festive qui a mis la philosophie à l’honneur par le biais du théâtre. En effet, la pièce Le Gorgias de Platon a été jouée à deux reprises dans le petit réfectoire par la Compagnie des amis de Platon devant cinq classes du lycée, ce qui a rendu le texte platonicien très vivant, amusant et même jubilatoire (un article sera bientôt rédigé par les élèves à ce sujet). En fin de journée, une petite cérémonie de remise du prix Citoyen de l’Ordre National du Mérite pour le projet philo-théâtre « Louise Weiss, une femme libre de son destin », porté conjointement par Mme Le Van et Mme Rivelaygue, a eu lieu au CDI. Par un heureux hasard, c’était aussi la journée des 100 jours avant le Bac où tous les élèves sont venus au lycée habillés de façon particulièrement élégante, ce qui tombait bien pour se rendre au théâtre ou à une cérémonie ! La cérémonie s’est déroulée en petit comité pour des raisons sanitaires, mais cela n’a rien enlevé à la joie des élèves acteurs qui sont revenus au lycée alors qu’ils sont désormais étudiants. Ils ont été accueillis chaleureusement par tous, notamment leurs camarades de THLP. 

1. Discours de M. Buttner, proviseur du Lycée du Haut-Barr

Photo N° 2 : Discours de M. Buttner, proviseur du lycée du Haut-Barr.
 
Monsieur Buttner a prononcé le discours d’ouverture pour accueillir les participants et rappeler la nature du projet : ce prix récompense un projet de philo-théâtre sur Louise Weiss, mené en 2018-2019 avec une troupe de 15 élèves volontaires qui étaient en TES et TS1. Ce projet a consisté à jouer à trois reprises, dans les murs du musée de Saverne, et en présence d’un public à chaque fois différent, la pièce à visée philosophique écrite par Mme Le Van, enseignante de philosophie, intitulée : « Louise Weiss, une femme libre de son destin », qui a été mise en scène par Mme Rivelaygue, metteure en scène. Cette pièce a été jouée avec succès à trois reprises par les élèves : l'avant-première a eu lieu lors de la Journée de la femme, organisée par la ville de Saverne, le 07 mars 2019 ; la seconde représentation a été jouée pour les parents et un public plus large le 02 avril 2019 au Musée, et la troisième fois, une saynète a été présentée lors de la cérémonie d'ouverture de l'exposition sur Milan Rastislav Stefanik, le 04 mai 2019, en présence de l’ambassadeur Marek Estok, représentant permanent de la République Slovaque auprès du Conseil de l’Europe. 
Mme Le Van et Mme Rivelaygue ont conjointement animé des ateliers de théâtre tout au long de l’année scolaire pour parvenir avec les élèves à cet aboutissement, reflet des indéniables qualités d’acteurs des jeunes qui se sont impliqués avec talent et authenticité. Ce projet de pédagogie innovante s’est effectué dans le cadre de l’affiliation du lycée au réseau des écoles associées à l’UNESCO, du partenariat instauré avec le musée de la ville, qui contient les collections Louise Weiss, du partenariat avec la Compagnie « Atelier mobile » qui était en résidence artistique à Saverne jusqu’en juin 2019 et du soutien du Rotary Club de Saverne. 
L’affiliation à l’UNESCO invite le lycée à choisir chaque année une thématique à aborder avec les élèves, qui s’insère également dans les attentes du projet d’établissement. En 2018-2019, le thème de « la promotion des droits de l’homme et de la femme » a été choisi collégialement. Dès lors, un projet sur Louise Weiss, grande européenne et féministe engagée, s’insérait parfaitement dans cet axe UNESCO, tout en répondant aux attentes de nos partenaires, tous trois engagés pour valoriser le « matrimoine » et sa transmission aux jeunes. Comme toujours, les plus belles réalisations sont le fruit de synergies fécondes ! 
Pour finir, Monsieur Buttner a souligné l’implication, le sérieux et l’engagement des élèves, qui sont venus régulièrement aux séances de préparation en plus de leur horaires de cours classiques, n’ont pas hésité à venir au Musée répéter les saynètes, même lors des week-ends ou des vacances, alors qu’ils préparaient par ailleurs leur baccalauréat, ont su mobiliser leurs talents et leur créativité pour jouer lors de trois représentations brillantes cette magnifique pièce de théâtre sur Louise Weiss. « Félicitations aux élèves et aux deux co-actrices du projet ! Merci à l’ONM pour ce prix qui honore notre établissement et valorise ce très beau travail de philo-théâtre ! ».

2. Discours de Yann Martin, inspecteur de philosophie

 
Photo N° 3 : Discours de M. Martin, inspecteur de philosophie.
 
Monsieur Yann Martin, inspecteur de philosophie, nous a fait la joie de sa présence pour assister aux deux événements de philo-théâtre de cette journée où l’élégance, la finesse et la distinction, tant vestimentaire que culturelle et citoyenne, ont prévalu. Il a mis en lumière le fil conducteur qui tisse une cohérence entre les trois centres d’intérêts de Mme Le Van qui se rassemblent dans ce projet de philo-théâtre : à savoir enseigner la philosophie, s’intéresser à l’histoire par le biais de la vie et de l’œuvre de Louise Weiss et écrire une pièce de théâtre engagé. Il a montré que les trois aspects de ce projet pédagogique primé se fondaient sur l’articulation de la pensée et de l’action, qui est au cœur de la réflexion philosophique. En effet, selon lui, l'humain est humain en tant qu'il est capable d'agir, c'est-à-dire de faire autre chose qu’adopter un comportement normé, déterminé ou stéréotypé, et en tant qu'il est capable de penser, c'est-à-dire de réfléchir pour ne pas énoncer des pensées convenues, socialement fixées et normalisées. Mais agir et penser s'apprend, pour cela des maîtres et professeurs sont nécessaires. A ce titre, il a félicité Mme Le Van pour son engagement au service de l’éveil de la pensée des jeunes, par le biais de projets pédagogiques stimulants qui les rendent acteurs de paix.

3. Chanson sur Louise Weiss.

Ensuite, un petit intermède musical a été proposé. La chanson intitulée « Louise Weiss au collier de perles blanches », écrite par Mme Le Van et interprétée par une ancienne élève du lycée, Laura Eichert, a été diffusée avec comme support visuel un magnifique power point réalisé par Isabelle Gourmelon, documentaliste. Si vous souhaitez entendre cette merveilleuse chanson et en découvrir les paroles : cliquer ici.
 

    4. Remerciements de Mme Le Van avec théâtralisation des élèves

 
Photo N° 4 : Discours de Mme Le Van, enseignante de philosophie et référente UNESCO du lycée.
 
Mme Le Van, avec les élèves, a remercié chaleureusement  le proviseur M. Buttner qui, par son soutien constant, permet à des projets philosophiques et créatifs de voir le jour, l’inspecteur de philosophie, M. Yann Martin, de s’être joint à l’occasion de ces deux temps festifs qui mettent la philosophie à l’honneur. Elle a exprimé sa profonde gratitude à la délégation de l’Ordre National du Mérite, composée de M. Daniel Arbogast et M. Jean-François Dedieu, pour la remise du prix « citoyen » qui récompense le travail accompli par les élèves acteurs. Elle a remercié Isabelle Gourmelon, documentaliste, toujours partante pour soutenir les projets pédagogiques innovants. Elle a remercié Vanessa Rivelaygue, collaboratrice aux compétences professionnelles admirables. Elle a poursuivi en disant être très heureuse d’avoir pu accomplir un souhait commun lors de ce projet, à savoir associer la créativité pédagogique et la complicité amicale, pour offrir aux jeunes des moments de réflexion philosophique et des temps de pratique théâtrale qui ont allié le sérieux, le rire et la liberté créatrice. Les deux conceptrices avaient à cœur de mener un projet qui mette en valeur l’apport des femmes dans « l’histoire des pensées et des engagements » pour faire évoluer la société. La journaliste, l’écrivaine, la femme politique, la féministe, la grande-reporter et la polémologue Louise Weiss est à ce titre remarquable, d’où le choix de lui dédier ce projet.
 
 
Photo N° 5 : Les participants écoutent attentivement les prises de parole de Mme Le Van et des élèves.
 
La parole a été donnée à deux élèves de Terminales HLP, c’est-à-dire ayant choisi la spécialité Humanités Littérature et Philosophie, pour qu’ils disent qui est Louise Weiss à leurs yeux. Ninon Pierrel a commencé : « Pour moi, Louise Weiss est une femme forte et courageuse. Elle se bat jusqu’où bout avec une force de caractère et un humour bien à elle pour obtenir le droit de vote des Françaises, la paix et des connaissances ethnographiques très étendues, car elle sillonne le monde. Elle a accompli de grandes choses, en particulier pour l’édification européenne, et elle restera dans les mémoires comme une femme incroyablement novatrice, ancrée dans l’histoire du 20ème siècle. »
 
Arnaud Schaeffer a ensuite fait part de son regard sur Louise Weiss : « Pour moi, la figure de Louise Weiss est celle d’une femme qui, des décennies après avoir marqué le monde de son passage, évoque la lutte contre des inégalités sociétales, notamment de genre, toujours et encore d’actualité, tant elle était visionnaire. Elle est l’allégorie même de l’audace et de la passion, nécessaires à combiner, pour faire avancer l’humanité vers plus d’humanisme et de paix. Je crois pouvoir affirmer qu’il y a du Louise Weiss en chacun de ceux qui croient en un futur meilleur, et qui font tout leur possible pour qu'il advienne ». 
 
Effectivement visionnaire, Mme Le Van indique que Louise Weiss est à juste titre considérée comme « la grand-mère de l’Europe », car elle a contribué à forger l’idée de l’Union européenne, notamment dans son journal L’Europe Nouvelle qu’elle a co-fondé en 1918, puis dirigé de 1922 à 1934, mais aussi idée européenne qu’elle défend grâce à la rédaction de ses Mémoires d’une Européenne qui sont une mine de renseignements sur tous les événements ayant jalonné le 20ème siècle, et enfin, grâce au discours historique qu’elle prononce en 1979, en tant que doyenne d’âge des députés lors de la première session du Parlement Européen à Strasbourg. Les élèves de THLP ont montré des drapeaux européens pour accompagner ces explications d’un visuel qui rende le propos plus percutant. Louise Weiss a, de plus, été actrice de profondes transformations dans les mentalités en faveur de l’égalité entre les genres, grâce à son mouvement féministe « La femme Nouvelle » qui a mené des actions d’éclat de 1934 à 1937 pour l’obtention du droit de vote des Françaises. 
 
 
Photo N° 6 : Les élèves de THLP tiennent des pancartes où figurent des leitmotivs féministes de Louise Weiss.
 
Son leitmotiv était alors : « La Française doit voter », ainsi que l’on rappelé Ninon Pierrel et Gaëlle Endress, et elle aimait à dire, non sans humour : « Les Françaises sont majeures pour leurs fautes, mais mineures pour leurs droits, Messieurs accordez leur le droit de vote ! », comme l’a dit avec conviction Arnaud Schaeffer. Elle a même organisé des élections fictives en 1934 et 1936, où elle s’est présentée alors que les femmes n’étaient pas éligibles à l’époque. Elle a fait imprimer des bulletins de vote en son nom, bulletins que Sarah Kuhn et Agathe Ziegelmeyer ont distribués, et avec une pointe d’ironie elle utilisait un carton à chapeaux comme urne. Les élèves ont ouvert un carton à chapeaux, et ont distribué des bulletins photocopiés. Louise Weiss n’a pas obtenu gain de cause dans l’immédiat, il lui a fallu attendre dix années : en 1944, à Alger, le Général de Gaulle a donné le droit de vote et d’éligibilité aux Françaises.
 
 
Photo N° 7 : Sarah Kuhn et Agathe Ziegelmeyer distribuent des bulletins de vote fictif portant le nom de Louise Weiss.
 
Après avoir mené une résistance par la plume pendant la 2GM, en adhérant au réseau Patriam recuperare et en écrivant dans le journal clandestin La nouvelle République, sous le nom de code Valentine, Louise Weiss a entamé à partir de 1945, une série de grands voyages à travers le monde. Gaëlle Endres a mimé la grande-reporter en posant sa valise, et en faisant des photos. Louise Weiss a sillonné les continents pour étudier les facteurs belligènes, dans le cadre de recherches ethnographiques et polémologiques. 
 
 
Photo N° 8 : Gaëlle Endres joue la grande-reporter Louise Weiss qui sillonne les continents.
 
Tous les combats que Louise Weiss a menés, elle les a dédiés à la promotion de la paix. Voilà pourquoi, le fascicule que nous avons réalisé en 2018 sur Louise Weiss, qui s’intitule « Louise Weiss, une femme de paix ». 
 
 
Photo N° 9 : Portrait de l’artiste Kaviiik, qui illustre la page de garde du fascicule « Louise Weiss, une femme de paix ».
 
 
Photo N° 10 : Mme Le Van résume les différentes saynètes de la pièce de théâtre qu’elle a écrite pour les élèves.
 
Mme Le Van a relaté brièvement quelques aspects marquants de la pièce de théâtre qu’elle a écrite pour les élèves, en montrant à chaque fois les fabuleux mangas que Marion Ebersohl, élève qui était membre de la troupe de théâtre, a réalisé sur chacune des saynètes. Mais tout d’abord, pourquoi ce titre : « Louise Weiss, une femme libre de son destin » ? Car cette grande dame dit elle-même qu’elle s’est toujours sentie « libre de son destin », ce qui signifie qu’elle a réussi à s’affranchir des conditionnements, qu’ils soient familiaux ou sociétaux, en particulier de genre, pour s’inventer avec audace une destinée profondément innovante et créatrice. A ce titre, elle peut valoir comme modèle d’émancipation et d’accomplissement, notamment pour les femmes, mais plus universellement pour tous, car en restant très profondément fidèle à ses valeurs pacifistes, elle n’a eu de cesse d’inventer de l’inédit face aux événements. 
 
 
Photo N° 11 : Manga réalisé par Marion Ebersohl, élève membre de la troupe, pour illustrer le livret de la pièce de théâtre.
 
Ainsi, la première saynète la représente dans son salon parisien où elle recevait toute l’intelligentsia européenne pour remodeler l’Europe après la 1ère GM. Les autres scènes sont tirées d’anecdotes biographiques reflétant les difficultés qu’elle a rencontrées en tant que femme pour s’affirmer tout d’abord face à sa grand-mère comme petite fille intéressée par les actualités sérieuses dévolues habituellement aux hommes ; ensuite face à son père comme une femme intellectuelle ayant réussi l’agrégation de lettres féminine alors que lui ne rêvait que de la marier pour la cantonner à la vie domestique ; enfin face au journaliste Hyacinthe Philouze qui n’acceptait pas qu’elle devienne directrice de l’Europe nouvelle. La dernière scène évoque son amour impossible avec l’astronome et militaire slovaque Milan Rastislav Stefanik. S’ils partageaient un idéal politique commun, en défendant la démocratie et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Louise Weiss dérogeait trop à la norme de la femme soumise pour être choisie comme épouse modèle par un homme qui avait des vues conventionnelles sur la question. 
 
 
Photo N° 12 : Manga qui illustre la scène de l’amour impossible entre Louise Weiss et Milan Rastislav Stefanik.
 
Pour achever, elle a souligné à quel point les échanges avec Vanessa Rivelaygue, ainsi que tous les merveilleux temps de répétition avec les élèves, ont été stimulants, humainement forts, et ont tissé entre eux des liens privilégiés qui ont permis de vivre cette expérience de philosophie théâtralisée avec une profonde joie, joie au sens bergsonien du terme. En effet, Bergson dans l’Energie spirituelle, affirme que la joie est le signe donné par la nature pour indiquer que la vie s’intensifie de manière créatrice et généreuse. « Merci encore aux élèves, à Vanessa, ainsi qu’à tous nos soutiens institutionnels et à tous nos partenaires pour ce fabuleux projet mené ensemble ». 
 

5. Discours de Vanessa Rivelaygue et des élèves acteurs

Vanessa Rivelaygue, avec beaucoup de sensibilité et de joie, a pris la parole pour rappeler certains aspects de ce projet, notamment les étapes de sa construction en amont avec Mme Le Van, pour monter les dossiers et rechercher les financements et soutiens, du Département en particulier. Puis, elle a évoqué les séances de répétition au lycée, toujours trop brèves, et où il fallait à chaque séance pousser les tables pour créer un espace de jeu, puis les remettre en place à la fin. Certains souvenirs concernant les costumes et accessoires ont aussi été relatés. Elle a évoqué les moments de rire, de répétitions créatrices, ou de doute parfois, traversés en équipe. Elle a surtout insisté sur le fait que cet atelier de pratique théâtrale avait été conçu sans penser à d’autres finalités que l’épanouissement des élèves, et dès lors jouer devant un Ambassadeur et recevoir un prix étaient choses d’autant plus heureuses qu’inattendues. 
 
 
Photo N° 13 : Discours de Mme Rivelaygue, artiste et metteure en scène.
 
Parmi les 15 élèves acteurs, 7 d’entre eux ont pu nous rejoindre, et ils ont relaté ce qu’a été pour eux cette expérience de philo-théâtre. Ils ont pris successivement la parole : Hasan Ibrahim ; Kévin Jung ; Paul Fajdic ; Valentine Jung ; Elodie Brill ; Emma Gangloff ; Philippe Schaeffer. Ils ont chacun remercié chaleureusement Mme Le Van et Mme Rivelaygue, puis ils ont relaté avec émotion et intelligence, de manière personnelle, comment le fait d’avoir joué ces rôles les avait transformés.
 
 
Photo N° 14 : Les élèves acteurs prennent la parole : Hasan Ibrahim ; Kévin Jung ; Paul Fajdic ; Valentine Jung ; Elodie Brill ; Emma Gangloff ; Philippe Schaeffer.
 
Hasan Ibrahim : «  Ce projet de philo-théâtre a été pour moi formidable, le groupe dans lequel nous étions était soudé et il y régnait une ambiance agréable. Ce fut réellement une expérience enrichissante. Dès le début tout le groupe était très investi, ce que j’ai beaucoup apprécié. Lors des premières répétitions, même si nous avons joué dans une simple salle de classe, le sujet a tout de suite été pris très au sérieux. Plus le projet avançait, plus il se concrétisait et plus le groupe était soudé, cela m’a permis de créer des liens avec des camarades qui m’étaient presque inconnus avant ce projet. Ce projet de philo-théâtre nous a également permis d’améliorer notre aisance à l’oral. Nous avons eu la possibilité de pouvoir échanger avec l’Ambassadeur de Slovaquie, ce qui est une chance. J’espère de tout cœur que notre DVD sera apprécié et je tiens tout particulièrement à remercier Mme Le Van et Mme Rivelaygue pour leur investissement dans ce projet : sans elles, cela n’aurait jamais été possible. Je tiens également à remercier tout le groupe pour tous les bons moments que nous avons passés ensemble. Je garderai un très bon souvenir de ce défi collectif ». 
 
Kévin Jung : « Je n’avais jamais participé à une pièce de théâtre auparavant. J’ai joué le rôle d’Emmanuel Mounier, un philosophe journaliste, créateur du personnalisme communautaire, résistant, fondateur de la revue Esprit, encore éditée actuellement. J’ai particulièrement apprécié d’incarner ce personnage, notamment grâce à son dynamisme que l’on pouvait associer à ses répliques. Au début ce fut assez compliqué de mélanger dynamisme et clarté d’élocution, mais avec l’entraînement, cela a fini par fonctionner. De plus, je me sentais particulièrement à l’aise dans ce rôle. Afin de progresser, nous avions mis en place des créneaux d’entraînement le jeudi matin, et parfois les week-ends ou pendant les vacances. Cela était particulièrement compliqué étant donné que nous étions deux classes mélangées, et donc nous n’avions pas les mêmes créneaux horaires. Néanmoins, on a su s’organiser, afin de pouvoir travailler le plus possible ensemble et ainsi de nous améliorer. Enfin, je tiens à remercier Mme Le Van, professeure de philosophie, ainsi que Mme Rivelaygue, notre metteure en scène, et le musée de la ville de Saverne, de nous avoir accueilli lors des répétitions, pour la finale et l’inauguration de l’exposition sur M. R. Stefanik. Et je n’oublierai pas ce que disait E. Mounier : « Nous nous faisons en faisant, en agissant, en nous engageant », c’est ce que j’ai pu expérimenter en participant à ce projet ! ».
 
Paul Fajdic : « Quand Mme Le Van a annoncé son projet de philo-théâtre à la classe, j’ai tout de suite été motivé, je me suis dit que cela serait une expérience enrichissante. N’ayant jamais fait de théâtre, je ne voulais pas un rôle majeur au début de cette pièce, j’ai cependant accepté le rôle diu Général Leclerc dans l’acte I, et dans l’acte II, le rôle de Yacinthe Philouze, je dois l’avouer sans grande conviction au début. Les répétitions passant, je me suis pris au jeu. J’ai trouvé les deux personnages intéressants, car opposés : l’un est digne et admirable, il a accompli de grandes choses (le Général Leclerc), l’autre est vénal et assez mesquin, il est trop satisfait de lui-même (Philouze). Ce dernier est l’exemple de l’homme de la société de l’époque qui regardait les femmes comme « inférieures », et qui estimait qu’une femme devait rester à la maison ; je suis personnellement très loin de partager ces idées rétrogrades. Voulant protéger son rôle de directeur de journal, il perd cependant ses moyens face à Louise Weiss, et est tourné en ridicule par elle, en raison de son argumentaire très léger fondé sur des préjugés. Avant la représentation, j’ai eu du stress, mais une fois sur scène j’ai fait abstraction du public et j’ai joué naturellement. Cette aventure avec la troupe de théâtre du lycée était très enrichissante, cela m’a permis d’en apprendre plus sur l’Europe et sur Louise Weiss, de faire des rencontres riches. Merci à Mme Le Van et Mme Rivelaygue ».
 
Valentine Jung : « Jouer au théâtre en français, dans le cadre du projet de théâtre sur Louise Weiss, a été pour moi une découverte, car je joue au théâtre alsacien depuis plusieurs années, mais je n’avais aucune expérience en ce qui concerne le théâtre en français. Ce parcours de philo-théâtre a donc été une très bonne expérience, qui m’a permis de découvrir une nouvelle façon de jouer : en incarnant des personnages ayant réellement existé (la jeune Simone Jacob, future Simone Veil, et en jouant la grand-mère de Louise Weiss). J’ai été fière d’incarner Simone Jacob, qui a joué par la suite un rôle très important en France, tout particulièrement pour la défense des droits de la femme grâce à la loi Veil sur l’IVG. Avec Louise Weiss, elles étaient des femmes déterminées pour défendre les droits féminins, certes de manière différente. Ce projet nous a amené à nous découvrir nous mêmes ainsi que les autres, ce qui a créé une bonne cohésion et une bonne entente dans le groupe ». 
 
Elodie Brill : « Le parcours de philo-théâtre a été une superbe expérience, je n’avais jamais fait de théâtre avant cette année et j’ai voulu découvrir cette activité afin d’améliorer mon aisance à l’oral et être moins timide. Au cours des séances, nous avons pu découvrir des pratiques théâtrales, apprendre à nous connaître, tisser des liens entre nous et nous améliorer, même si les premières séances ont été particulièrement compliquées pour moi. Lors des représentations, il y avait d’abord beaucoup de stress, mais nous nous sommes aidés et nous avons progressé ensemble, c’est ce qui m’a plu dans ce projet de théâtre sur Louise Weiss, qui est une femme très inspirante, et que je connais désormais bien mieux. Grâce à cette pièce, j’arrive à être beaucoup plus à l’aise à l’oral, mais également dans ma gestuelle et j’arrive à mieux m’affirmer. C’est donc une très belle expérience, avec une bonne cohésion dans le groupe et nous avons appris des connaissances de manière vivante ». 
 
Emma Gangloff : « Au début, j’avais peur de me lancer dans ce projet, j’ai participé à la première séance par curiosité et cela m’a bien plu. Je suis quelqu’un de très timide et cela a été un vrai challenge pour moi. Le théâtre est une très bonne expérience pour ma part. J’ai eu la chance d’interpréter le rôle de Louise Weiss lorsqu’elle rédige ses « Mémoires d’une Européenne », ce qui permettait de commenter les saynètes, comme quelqu’un qui se rappelle des souvenirs de son enfance et de sa jeunesse. J’ai dû apprendre à mieux maîtriser ma gestuelle et la mettre en harmonie avec le texte pour mettre en relief les idées qu’elle expliquait. Apprendre les monologues par cœur n’a pas été simple, car j’avais parfois des trous de mémoire. Mais à force de répéter, progressivement, je suis parvenue à enchaîner les phrases sans les hésitations que j’avais au début. Mme Le Van a réécrit certains des passages que je devais jouer pour faire du « sur mesure », afin que j’arrive à maîtriser le texte. Nous nous sommes bien amusés tous ensemble. J’ai réussi à avoir un peu plus confiance en moi, surtout lors de la représentation devant les parents, qui a été filmée. Je ne regrette en rien d’avoir participé à ce projet ».
 
Philippe Schaeffer : « Ce projet m’a apporté de l’expérience et des compétences nouvelles en art du spectacle et de l’éloquence. J’ai gagné de la confiance en moi. Nous étions plusieurs élèves de terminale, notre professeure de philosophie et une comédienne professionnelle. Cette expérience théâtrale nous a permis de rencontrer des personnalités comme le maire de Saverne, le député, ainsi que l’ambassadeur slovaque. Grâce à ce rôle, ma vision a changé, j’ai une ouverture européenne plus riche. Le personnage de Milan Rastislav Stefanik que j’ai incarné m’a beaucoup impressionné. Il a été le De Gaulle slovaque. Je me suis comme identifié à lui lors des répétitions et représentations. D’ailleurs pour interpréter ce rôle, je me suis inspiré d’une grande photographie qui se trouve au musée où l’on voit M. R. Stefanik dans une posture solide, conquérante, empli de détermination. J’ai même reproduit son geste : il tenait sa main sur son veston. Dans mon jeu, je devais alterner entre des moments où j’étais comme un chef d’Etat qui en impose, et d’autres moments plus intimes où j’étais dans une relation de complicité avec Louise Weiss. Finalement, l’amour entre ces deux personnages était impossible, ce qui donnait un côté tragique à la scène. Mais en même temps, ils ont été deux défenseurs de la paix, et cela est important pour nous, les jeunes, de voir les grands personnages défendre des valeurs européennes et démocratiques. Ils servent un bel idéal qui peut nous inspirer ».
Leurs camarades absents, qui se sont excusés de ne pouvoir se joindre, mais qui ont aussi gagné le prix sont : Jérôme Neupert, Tugba Unal, Amélie Ulrich, Charlotte Braun, Julie Christ, Yaël Joosten, Nicolas Mehl, Marion Ebersohl. Ils étaient avec nous par le cœur et la pensée et nous les associons pleinement à ce moment de récompense pour le travail collectif accompli.
 
 
Photo N° 15 : Chacun.e des élèves explique le rôle qu’il a joué dans la pièce, et comment il a vécu cette formidable expérience de philo-théâtre.

6. Transmission du prix par l’ONM

Ensuite M. Dedieu et M. Arbogast ont procédé à la transmission du prix par l’Ordre National du Mérite. M. Dedieu a expliqué que l’Ordre National du Mérite a été créé par le Général De Gaulle, Président de la République, le 3 décembre 1963, et qu’il est le second ordre national après celui de la Légion d’Honneur établi en 1802 par le premier Consul Bonaparte. Il est destiné à récompenser des mérites « distingués » rendus à la nation. Regroupé en associations départementales, les membres de l’ordre mènent des actions qui se rapportent à des valeurs humanistes et altruistes qui se résument par leur devise : « Honneur, Solidarité, Mémoire ». Le prix remis au lycée du Haut-Barr s’inscrit parfaitement dans cette trajectoire. Les élèves de la classe de philosophie en TS1 et TES ont mené des travaux dirigés par Mme Le Van et font œuvre ainsi de passeurs de Mémoire. On parle souvent du devoir de Mémoire, mais ne devrait-on pas aussi parler du « travail » de mémoire, car il ne faut jamais oublier les faits marquants de notre histoire. Ne dit-on pas qu’un peuple qui oublie son histoire se condamne à la revivre ? « Mme Louise Weiss, dont vous avez choisi d’écrire les faits majeurs de sa vie sous la forme d’une pièce de théâtre, est une personne qui a toujours privilégié l’action au service des autres en s’engageant toute jeune comme infirmière pendant la guerre de 1914/1918. Ayant obtenu son Agrégation de Lettres féminine, ce qui était rare à l’époque pour une femme, elle mènera le combat du féminisme pour faire reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes. Journaliste et engagée en politique, elle militera pour le rapprochement de la France et de l’Allemagne, et mènera de nombreuses actions dans les postes les plus prestigieux qu’elle a occupé notamment pour favoriser la construction européenne et puis en tant que députée du Parlement Européen ». M. Dedieu explique qu’elle est aujourd’hui unanimement reconnue et que de nombreux édifices et monuments ainsi que des parcs et avenues ont été baptisés de son nom, notamment à Strasbourg et dans les Institutions Européennes. 
 
 
Photo N° 16 : Discours de M. Dedieu, membre de l’Ordre National du Mérite.
 
M. Arbogast remet un diplôme, une médaille et un chèque de 200 € à Mme Le Van et aux élèves pour récompenser « l’excellent travail que vous avez accompli et qui restera un exemple de ce que l’on doit faire afin d’honorer la mémoire de gens dont la vie est elle-même exemplaire ». M. Dedieu de conclure : « Plus que tous les discours, la valeur de l’exemple est irremplaçable. Un grand bravo à vous toutes et tous ! ».
 
 
Photo N° 17 : Remise du diplôme, de la médaille et du chèque-récompense par M. Arbogast, membre de l’ONM.
 

 7. Remerciements par les élèves et don d’une fleur symbolique : la rose « Louise Weiss »

Mmes Le Van et Rivelaygue, ainsi que les élèves, ont remercié chaleureusement les deux représentants de l’Ordre National du Mérite pour ce merveilleux prix. A défaut d’un pot de l’amitié, rendu impossible pour raisons sanitaires, les élèves de Terminale HLP ont préparé une petite surprise. Précisons aussi que si tous les élèves de Terminale HLP n’ont pas été présents lors de cette cérémonie en raison de l’obligation sanitaire de limiter le nombre de participants, ils ont toutefois tous contribué à préparer la salle, en la décorant avec les réalisations sur la paix qui ont été effectuées les quatre dernières années scolaires, lors des ateliers UNESCO. 
 
 
Photo N° 18 : Sarah Kuhn et Gaëlle Endres distribuent les roses « Louise Weiss ».
 
Gaëlle Endres, Sarah Kuhn et Alizée Kammer ont distribué des fleurs de paix à tous les participants. Ces roses jaunes en papier ont été généreusement confectionnées par la maman de Gaëlle Endres. Ninon Pierrel et Arnaud Schaeffer ont expliqué le sens de ce cadeau symbolique. 
 
 
Photo N° 19 : Les élèves de THLP expliquent le sens de ce cadeau symbolique.
 
Ninon Pierrel : « Afin d’honorer en ce jour la mémoire de la grand-mère de l’Europe, nous avons choisi le symbole des roses jaunes resplendissantes, que Gaëlle et Sarah viennent de vous distribuer. C’est en effet une référence au mémorial dédié à Louise Weiss implanté à la Roseraie de Saverne depuis 1993 pour célébrer le centenaire de sa naissance. Ce mémorial est décoré de somptueuses roses aux pétales jaunes, qui porte son nom : « la rose Louise Weiss ». Ce symbole de la rose jaune est complémentaire de la rose blanche que nous avons offert lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition « Guerre et paix dans les Balkans » en septembre dernier. Car Louise Weiss cultivait une fraîcheur d’esprit et une jeunesse perpétuelle, elle avait une âme printanière qui faisait toujours fleurir le meilleur ».
Arnaud Schaeffer : « Le lien thématique entre ces deux projets, c’est l’irénologie, science de la paix, fondée par Louise Weiss. Ainsi, l’étude que nous avons menée sur les Balkans lors des deux dernières années scolaires s’inspire directement des idées de Louise Weiss. Et aujourd’hui nous vous offrons des roses jaunes lumières, qui symbolisent les clartés de la rationalité propres à Louise Weiss. Parmi ses nombreuses aptitudes compte aussi la philosophe. Elle était cartésienne d’esprit et appréciait particulièrement les penseurs des Lumières. On comprend bien qu’il ne pourrait y avoir de paix sans conjuguer la noblesse du blanc et la lumière du jaune, autrement dit un cœur pur et une réflexion éclairée. Par le biais de ce cadeau symbolique, nous vous invitons vous aussi à promouvoir, avec intelligence et cœur, la paix ».
 
 
Photo N° 20 : Mme Le Van avec deux élèves actrices du projet : Elodie Brilll et Valentine Jung.
 

 8. Chanson sur les grandes figures de paix par Laura Eichert, intitulée « combat », écrite pour le concours, toi aussi deviens acteur de paix !

Pour achever cette cérémonie, tout le monde a regardé vers l’écran où a été projeté un petit film accompagné d’une seconde chanson de Laura Eichert, intitulée « Combat », sur les grandes figures actrices de la paix, au nombre desquelles compte bien évidemment Louise Weiss. 
 
 
Photo N° 21 : Une photo de groupe avec les élèves acteurs.
 
En partant, chacun.e était convié à ne pas hésiter à prendre une bouteille d’eau et un biscuit. Cette cérémonie nous a permis de comprendre que si nous ne pouvions pas ôter les masques, nous pouvions néanmoins continuer à partager le meilleur !
 

Article des DNA du 26 Mars