Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 
« Détale ! » clame le titre de la saynète composée par les élèves de Mme Lanères, en Terminale HLP, pour le Printemps de l’Ecriture 2022.
Le thème de cette année porte sur le labyrinthe.
 
Ayant eu l’opportunité de rencontrer l’écrivaine Pauline Peyrade et de lire trois de ses œuvres, les jeunes ont découvert un univers mental où l’écriture dramaturgique s’apparente à une quête de soi. Dans Bois impériaux, l’héroïne se perd en forêt ; elle trouve l’autre, le potentiel prédateur. Dans Carrosse, elle devient l’autre ; la protagoniste se fond avec les murs, l’eau du bain, et même avec les cheveux de sa fille qu’elle assassine.
 
C’est cette idée de fusion avec un dédale (en soi, autour de soi) qui a été retenue, et que l’on retrouve dans la forme de l’écriture, ainsi que dans le processus créatif proposé par l’écrivaine.
 
 
L’écrivaine Pauline Peyrade explique la technique du cut up aux élèves de Terminale HLP.
 
En effet, lors de son atelier d’écriture, Pauline Peyrade a proposé aux élèves de visionner la fin du film Shining, de Stanley Kubrick : nous observons la fuite du jeune Dany poursuivi par son père, dans le labyrinthe. A partir de cette « matière première », l’artiste a demandé à chaque élève d’écrire les pensées ou les paroles d’un personnage au choix : le père, la conscience du père, le fils, la conscience du fils, ou le labyrinthe. Cette séparation de deux voix pour un même personnage avait été expérimentée par les jeunes quand ils avaient joué le début de la pièce Poings, de Peyrade : « Toi », était la jeune femme qui se laissait séduire par « Lui », tandis que « Moi » représentait la conscience de « Toi », et son surmoi ; celle qui tentait de résister.
 
 
Le labyrinthe de Shining inspire les jeunes écrivain·es.
 
Lors d’une deuxième séance de création, cette fois sans l’écrivaine, les apprentis dramaturges ont appliqué le processus que l’écrivaine leur avait soufflé : un « cut up ». C’est un·e élève, Kelya-Max, qui a guidé ses camarades : iel leur a demandé de couper leurs textes, et de coller les morceaux avec de la Patafix sur le tableau blanc de la salle de classe. Les jeunes ont lu à voix haute tous ces feuillets, puis ils ont tâché de les mettre dans un ordre cohérent, pour former une histoire. Les voix du jeune garçon, du père, de leurs consciences respectives, et celle du labyrinthe, se mêlaient.
 
 
Le jour du carnaval : séance « cut up » pour composer la saynète.
 
Finalement, le texte opère cette fusion des êtres et du décor, en une polyphonie saisissante. La mort et la vie deviennent une même entité ; le temps lui-même semble amalgamé ; il a perdu sa linéarité, il fusionne avec l’espace du labyrinthe. Voilà pourquoi l’enfant croit se voir en observant son père gelé, au sol, dans la neige. La conscience du père, extirpée de ce corps, se fond dans le dédale de verdure, et attire à elle l’enfant, créant un cycle où les dimensions temporelles et spatiales fusionnent.
Ayant de justesse terminé l’assemblage de ce « cut-up », les jeunes ont enregistré leur saynète ; nous l’avons envoyé au concours, à la fois en audio -sur une clé USB-, et en lecture visuelle, sur feuilles.
Bonne nouvelle : leur création, « Détale ! » a gagné le Prix coup de cœur du Printemps de l’écriture ! Le groupe s’est vu remettre un bon d’achat de 200€ en achats de livres à la librairie Klaeyle. Romans, traités, bandes dessinées… nos jeunes dramaturges choisissent leurs lectures estivales, avant de se quitter, pour mieux se retrouver, tantôt à la fac, tantôt en sorties, et même au lycée du Haut-Barr, pour raconter le dédale de leur nouvelle vie.
 
Pour écouter la saynète « Détale ! », cliquez ici.                                                                                
 
Edwige Lanères