Photo 1 : Autour de l’affiche du film « Louise Violet », Annie Heintzelmann à D. et Nelly Tsokanis à G., avec les élèves du Haut-Barr accompagnés par leur enseignante de philosophie, Claire Le Van. 1HLP : Elina Freund, Maïlys Gangloff, Boran Kamis, Emilie Koehl, Maxime Pereira-Santos, Emma Rohrbach, Emmanuel Wilt, Siméa Wolff – TG2 : Marion Arnold, Nicolas Dubois, Marie Koning.
Le vendredi 22 mars, dans le cadre du partenariat entre le Lycée du Haut-Barr et le Rotary Club de Saverne articulé cette année autour du projet UNESCO « L’Europe, le miracle de la paix », onze élèves de TG2 et 1HLP des classes de Mme Le Van, enseignante en philosophie, ont pu bénéficier d’une place de cinéma gratuite pour voir le film « Louise Violet » en avant-première. Cette projection organisée au cinécubic par le Rotary Club de Saverne s’est faite au bénéfice de l’Association « Espoir en tête » qui soutient la recherche sur le cerveau. Ainsi non seulement les élèves ont pu découvrir ce film historique passionnant sur l’école telle que les lois Jules Ferry l’ont fondée, mais de plus ils ont bénéficié de la générosité de donateurs ayant acheté les places offertes afin de récolter des fonds pour « Espoir en tête » (lors de l’achat d’une place à 15€, 8€ au moins sont reversés pour la recherche sur le cerveau). Un grand merci au Rotary Club, et tout particulièrement à la présidente Annie Heintzelmann, et à la déléguée locale « Espoir en tête » Nelly Tsokanis, d’avoir permis aux élèves de vivre cette belle soirée, le tout étant d’une teneur de grande qualité, tant intellectuelle qu’éthique !
Photo 2 : La présidente Annie Heintzelmann prononce un mot d’accueil chaleureux et rappelle les engagements éthiques du Rotary club à l’égard d’ « Espoir en tête ».
Photo 3 : De G. à D. : les trois élèves de TG2 qui ont rédigé les commentaires ci-dessous : Marie Koning, Nicolas Dubois et Marion Arnold, avec Claire Le Van.
Descriptif technique du film par Marion Arnold :
« Le film Louise Violet a été réalisé et écrit par Éric Besnard (1964-). Ce film a été tourné en Auvergne-Rhône-Alpes, notamment à Saint-André-de-Chalencon, Tiranges et Saint-Pierre-du-Champs en Haute-Loire. Pour que les décors correspondent aux saisons, le film a été tourné sur deux périodes, la première de février 2023 à mars 2023 pour les scènes se situant en hiver, et la seconde, de mai 2023 à juin 2023, pour la période de l’histoire qui est au printemps en en été. Louise Violet a été interprétée avec brio par Alexandra Lamy qui a retransmis avec force l’idéal de l’époque des hussards de la République de mettre en place l’école gratuite, laïque et obligatoire. Au casting, on retrouve également Grégory Gadebois, Jérôme Lopez, Patrick Pineau et Annie Mercier ».
Contexte historique du long-métrage d’Éric Besnard « Louise Violet » par Nicolas Dubois :
« L’intrigue de Louise Violet prend place dans les années 1880 et fait suite aux évènements majeurs de la naissance de la IIIe République. En juillet 1870, le Second Empire entreprend contre la Prusse une guerre mal préparée, qui le conduit rapidement à sa défaite, ceci marque la fin du règne de Napoléon III, mais aussi la proclamation de la IIIe République. Toutefois, ce changement de régime n’annule pas la guerre. La France, à la suite de bien des conflits et à l’aube de nouveaux auxquels elle ne pourrait pas faire face se résout, le 28 janvier 1871, à signer une capitulation. Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siège de Paris par les Prussiens sont scandalisés par cet armistice et les conditions abusives imposées par la Prusse, alors que ces derniers étaient déjà plongés dans une situation économique plus que misérable. Le gouvernement, craignant des révoltes, notamment de la part des monarchistes, décide de quitter la capitale pour s’installer à Versailles et, voyant que les tensions montent au sein du pays, retire les armes aux Parisiens. Révolte totale à Paris : c’en est trop ! Les citoyens français décident de déclencher la Commune le 26 mars 1871, voulant pratiquer une démocratie directe. La Commune de Paris, période insurrectionnelle durant laquelle les Parisiens furent maîtres de la capitale, a duré 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871, avant d'être violemment combattue par le gouvernement républicain, partisan d’une démocratie représentative, lors de la « Semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871, pendant laquelle près de 20 000 Communards trouvent la mort. Ce gouvernement révolutionnaire provisoire fera adopter pléthore de mesures radicales, cette fois-ci pour le peuple et non pour enrichir l’État, le pouvoir étant alors détenu par les Français eux-mêmes. Soulageant ainsi la misère populaire, la Commune de Paris, entre autres, réquisitionnera des logements en faveur des miséreux et souhaitera imposer une éducation libertaire pour tous. La Commune marquera un vrai tournant dans l’histoire française des relations sociales, des libertés au niveau de la loi et de la démocratie. Plus tard, les lois Jules Ferry sur l'école primaire en France votées en 1881-1882 sous la Troisième République, rendront l'école gratuite (loi du 16 juin 1881), l'instruction primaire obligatoire et participeront à laïciser l'enseignement public (loi du 28 mars 1882). Et c’est bien de l’instruction gratuite, laïque et obligatoire dont il sera question dans le film Louise Violet, maîtresse d’école engagée de manière exemplaire. Ces mesures à l’époque n’ont certes peut-être pas conquis immédiatement tous les Français, c’est ce que l’on pourra observer à la vision du long-métrage, mais elles auront quand même permis l’instruction de millions d’enfants issus de petites communes, qui étaient jusqu’alors condamnés au travail éreintant des champs ».
Commentaire à portée philosophique sur le film « Louise Violet » par Marie Koning :
« Louise Violet est un film qui aborde différents thèmes philosophiques, à commencer par l’accès à l’éducation, selon l’idée de Rousseau sur la « perfectibilité humaine » : pour que l’humain puisse devenir instruit et civilisé, il convient de l’éduquer, de lui apprendre à penser. Les lois de Jules Ferry viennent de rendre l’école obligatoire, laïque et gratuite, mais ce droit n’est pas encore appliqué dans les campagnes, où les enfants sont mobilisés pour le travail agricole. Faut-il renoncer à de la main d’œuvre et à ses revenus pour investir sur l’éducation et l’instruction ? C’est ce que Louise Violet, va tenter de démontrer aux habitants de ce village. Elle ne va cesser de répéter que l’important, c’est la liberté qu’accorde le fait d’être instruit. Autrement dit, le savoir est émancipateur. L’accès à l’école ouvre un vaste champ de possibilités pour l’avenir de ces enfants : choisir une profession, voyager, ou plus simplement, communiquer ! On en voit l’exemple dans le film, par le simple fait qu’écrire une lettre est inaccessible pour un grand nombre des habitants, le maire y compris. De plus, cela serait pour certains l’occasion de sortir de la pauvreté.
Par ailleurs, en plus de l’éducation, ce film fait naître des réflexions sur l’acceptation de la différence. Louise Violet, arrive à la campagne, dans un village où elle est inconnue alors qu’elle vient de la ville. De plus, les habitants apprennent par la suite, qu’elle a participé à la Commune de Paris et a fait de la prison. Faut-il alors faire confiance à cette femme et lui confier ses enfants ? Les habitants vont devoir passer outre leurs préjugés, car Louise Violet saura être professionnelle et ne laissera pas ses idées politiques percer dans ses cours, même si ses positions humanistes sont inspirées par son idéal politique. À l’inverse, Louise Violet qui pensait au départ que ces paysans étaient des gens frustres et peu réfléchis, découvre progressivement qu’ils ont des valeurs de solidarité, un solide bon sens et de l’ardeur au travail des champs, ce qui suscite son admiration. Il s’agit ainsi de montrer que les différences ne sont pas insurmontables, mais qu’il faut laisser le temps pour que des relations de compréhension mutuelle et de confiance puissent se tisser.
Pour finir, un autre thème du film est le rôle des femmes, car l’histoire se déroulant au XIXème siècle, la place de la femme est encore très stéréotypée dans la société patriarcale. Il est historiquement reconnu que les femmes ont joué un rôle important lors de la Commune, dont la plus connue est Louise Michel, communarde et féministe engagée. Ce film fait aussi le choix d’un personnage féminin comme figure principale, femme qui est déterminée, engagée et actrice pour faire évoluer ces déterminismes sclérosants et aliénants. Louise Violet est également présentée comme une femme libre et indépendante, elle refuse de se marier avec le maire, quitte à renoncer à une situation aisée, malgré l’aide qu’il lui apporte pour favoriser l’accès à l’éducation dans le village. Elle veut se faire respecter. Par sa constance et sa détermination, elle parvient après bien des épreuves surmontées par obtenir le succès ».