Photo 1 : L’équipe inter-lycées devant les fameux Nymphéas de Claude Monet dans les salons elliptiques du musée de l’Orangerie, œuvre de l’artiste impressionniste dédiée à la célébration de la paix suite à l’armistice de la Première Guerre mondiale.
Le 22 février 2024, les élèves de THLP (spécialité « Humanités : Littérature et philosophie ») du lycée du Haut-Barr, avec leur enseignante de philosophie, Mme Claire Le Van, et leur enseignante de Lettres, Mme Edwige Lanères, ainsi que les élève de 1AGORA du lycée Jules Verne, avec leur enseignante d’éco-gestion, Mme Catherine Bizot, et la documentaliste de l’établissement, Mme Marianne Donnat, se sont levés de bonne heure pour vivre une journée exceptionnelle à Paris. L’objectif de cette sortie inter-établissements était de découvrir l’Assemblée nationale et de mener une interview du député de circonscription, M. Patrick Hetzel. Cette sortie s’inscrit dans le cadre du projet UNESCO « L’Europe, le miracle de la paix », conçu et coordonné par la référente UNESCO du lycée du Haut-Barr, Mme Claire Le Van, en lien avec Mme Catherine Bizot du lycée Jules Verne, engagée dans la production avec ses élèves d’un jeu de carte des sept familles sur Louise Weiss. L’interview préparée lors de séances mutualisées entre les THLP et les 1AGORA portait sur quatre thèmes : 1. la Grand-mère de l’Europe Louise Weiss, qui a fait de la Ville de Saverne sa légataire universelle ; 2. la réconciliation franco-allemande qui est au fondement du « miracle de la paix » ; 3. une réflexion sur l’harmonisation nécessaire et complexe entre la souveraineté nationale et la politique européenne ; 4. l’évolution de l’Europe aujourd’hui. Autour de cet objectif citoyen et iréniste, des découvertes culturelles ont été programmées par les deux co-organisatrices de la journée, Mme Le Van et Mme Bizot, à savoir la découverte de l’Orangerie et de ses collections permanentes avec des éclairages proposés par l’enseignante de philosophie, ainsi qu’un parcours du musée d’Orsay avec une visite guidée sur « les grands courants artistiques du 19ème siècle » proposée par une historienne de l’art.
1. Le départ de Saverne et l’arrivée à Paris
Photo 2 : La bonne humeur est au RDV dès 6h 10, heure du RDV à la gare de Saverne. Après une rapide vérification des pièces d’identité, indispensables pour entrer dans l’Assemblée nationale, le groupe se répartit dans les différentes voitures où nous avons pu réserver des places grâce à nos gestionnaires respectifs (grand merci à eux !), qui ont été très réactifs dès l’ouverture de la mise en vente des billets de groupe, car les places partaient vite.
Photo 3 : Dans le train, les élèves sont impatientes de découvrir les trésors culturels de Paris.
2. La découverte de l’Orangerie
Photo 4 : Sur le trajet vers l’Orangerie, avec l’obélisque de la place de la Concorde en arrière-plan, le duo gagnant « Catherine Bizot - Claire Le Van », qui n’a pas compté ses heures pour coorganiser cette fabuleuse escapade parisienne, est ravi de voir l’aboutissement de plusieurs mois d’efforts et d’obstacles dépassés ! De fait, le parapluie coloré de l’amitié protège des intempéries, réelles et symboliques !
Photo 5 : Nous passons le long de la place de la Concorde en travaux et l’on peut apercevoir la Tour Eiffel au loin à travers un léger voile de brouillard.
Photo 6 : Les THLP, souriantes, dans le couloir d’accès de l’Orangerie, juste avant de déposer leurs sacs dans un chariot collectif destiné aux groupes scolaires.
A. Les Nymphéas de Claude Monnet.
« Le musée de l’Orangerie à Paris est connu dans le monde entier pour les célèbres « Nymphéas » du peintre impressionniste Claude Monet. Si nous connaissions déjà les toiles par de nombreuses images sur internet, les voir en vrai fut un véritable émerveillement ! En effet, ces huit panneaux étaient beaucoup plus grands que nous le pensions. Ces nymphéas, aux couleurs pastel apaisantes, se trouvent dans un salon ovoïde où règne un calme absolu. Personne ne parlait et chacun était face à lui-même en contemplant ces œuvres. La sensation de sérénité dégagée par ces toiles est renforcée par les deux salons disposés en 8, nous faisant repasser indéfiniment devant ces peintures ».
Zoé Debes et Lou Woelfel
Photo 7 : Mme Le Van donne quelques explications sur l’œuvre de Claude Monet, qu’il a offerte à la France au lendemain de l’armistice de 1918 pour célébrer la paix retrouvée. Installés selon ses plans à l’Orangerie, dans deux salons ovoïdes en 1927, quelques mois après son décès, les 8 panneaux représentent les nymphéas de la propriété de l’artiste en Bretagne, à Giverny. Ils sont le reflet d’un travail qui se déploie sur plus de trente années consécutives. Il s’agissait pour le peintre visionnaire de saisir par son pinceau les infimes nuances de lumière et de couleur de son jardin selon les variations d’éclairage des journées et des saisons.
Photo 8 : Cet ensemble unique et monumental constitue une prouesse picturale, faisant du musée de l’Orangerie un véritable « temple impressionniste » où règne une atmosphère apaisante, ressentie par les élèves impressionnés, c’est le cas de le dire !
Photo 9 : De G. à D. : Devant l’un des somptueux panneau des « Nymphéas » de Claude Monnet : Clara B., Solène M., Edwige L., Claire L. V., Lou W., Mahla T. et Amadine D. fascinées par toutes les nuances de la palette de l’artiste. Côtoyer la beauté des œuvres picturales est élevant. Le beau est une nourriture spirituelle indispensable pour donner sens à un humanisme authentique, car l’art est inspirant pour agir au service du Bien.
Photo 10 : En contemplant cette œuvre, le spectateur se sent happé dans un univers artistique aux miroitements captivants, où la flore magnifiée par le regard de l’artiste se déploie dans l’éclat de sa présence, mi-réelle, mi-onirique. Les joncs et les nymphéas se reflètent sur le miroir frémissant de la surface, comme si ce milieu aquatique était vibrant de vie et habité par d’imperceptibles mouvements créés par le jeu subtil des nuances colorées.
Photo 11 : De G. à D. : Mme Donnat, Mme Bizot et Mme Le Van devant une féérie impressionniste.
Photo 12 : Le groupe du Lycée Jules Verne, avec Mme Bizot, heureux de découvrir ce joyau de la culture à Paris. Pour certains d’entre eux, c’était la première fois qu’il se rendaient dans la capitale. Ce premier contact avec les galeries parisienne était véritablement enchanteur !
Photo 13 : L’ambiance devant un panneau aux teintes plus chaudes, reflet d’une lumière de coucher de soleil, est tout aussi captivante. Nous aurions pu rester des heures à contempler ces créations qui sont autant d’ouvertures vers des mondes retranscrits par le travail acharné du peintre voulant restituer les impressions de lumière colorée finement observées.
B. La collection Jean Walter et Paul Guillaume.
« Les œuvres de la collection de Walter-Guillaume, ami d’Apollinaire et amateur d’art, étaient notre deuxième étape à l’Orangerie. Les peintures des différents artistes étaient de grande qualité. Les paysages de Chaïm Soutine étaient particulièrement intéressants, les formes en spirales reflétaient un vent constant ou une tempête, ce qui attirait l'œil. Les différents nus et paysages étaient tout aussi captivants. Lors de ce parcours, nous avons pu comparer les styles des artistes et admirer les œuvres qui nous touchaient le plus ».
Zoé Debes et Lou Woelfel
Photo 14 : La collection « Jean Walter (1883-1957) et Paul Guillaume (1891-1934) » est l'une des plus belles collections européennes de peintures. Elle rassemble 148 œuvres, des années 1860 aux années 1930. Elle fut principalement formée par Paul Guillaume, jeune français marchand d'art passionné, représenté sur la photo. De 1914 à sa mort en 1934, il rassembla une collection extraordinaire de plusieurs centaines de peintures, de l'impressionnisme à l'art moderne, alliée à des pièces d'art africain. Le poète et critique d’art Guillaume Apollinaire (1880-1918), l’introduisit dans l’avant-garde artistique parisienne et devint son mentor. Paul Guillaume ouvrit en 1914 une première galerie près du palais de l’Élysée, où furent exposés des œuvres majeures. Paul Guillaume fonda en 1918 une revue intitulée Les Arts à Paris où il put faire la promotion de ces artistes. Devenu riche et célèbre de l'Europe jusqu'aux États-Unis, il mourut en pleine gloire, en songeant à fonder un musée.
Photo 15 : Sa veuve Domenica (1898-1977), remariée à l'architecte Jean Walter, transforma et réduisit la collection, tout en faisant de nouvelles acquisitions. Elle souhaita lui donner le nom de ses époux successifs lorsque l'État français s'en porta acquéreur à la fin des années 1950. Domenica Walter voulait reproduire au Musée de l’Orangerie les intérieurs de son somptueux appartement représenté sur la photo. Elle y inaugure une première présentation temporaire de la collection aux côtés d’André Malraux, ministre de la Culture, le 31 janvier 1966. La collection revint à l’État à sa mort et sera présentée de façon permanente en 1984.
N. B. : Les commentaires des toiles s’appuient sur ceux mis en ligne sur le site du musée de l’Orangerie.
Photo 16 : Un des salons reconstitués est consacré à l’œuvre du Douanier Rousseau (1844-1910). L’œuvre photographiée s’intitule « La cariole du Père Junier » (1908). Dans cette toile, l’artiste, adoptant un style volontairement naïf, joue sur la taille et la position des chiens. Ils prennent une fonction plastique. Le gros chien noir donne de la profondeur à la carriole. On sait que lorsque Max Weber fit remarquer à Rousseau que le chien noir était trop grand par rapport à l'échelle de l'ensemble, l'artiste lui a rétorqué que sa toile exigeait qu'il en soit ainsi. Par contre, le chien miniature qui trottine devant la carriole ajoute à la monumentalité de la jument, qui se tient curieusement sur la pointe des sabots, effet que viennent accentuer les ombres portées sur le sol. Cette jument danseuse semble presque suspendue dans l'espace. Rousseau affectionne ce genre de paradoxe qui fait flotter certains personnages dans un espace purement pictural. Les passagers de la carriole, à l'exception de M. Junier, qui était un ami du peintre, sont présentés dans une stricte frontalité comme des icônes byzantines.
Photo 17 : Auguste Renoir (1841-1919), Yvonne et Christine Lerolle au piano (1897), tableau peint en largeur pour mettre le piano en valeur, en hommage aux musiciennes, et laisse entrevoir deux chefs-d’œuvre de Degas sur le mur du salon, « Danseuses » et « Avant la course ». Les Lerolle étaient de grands bourgeois parisiens, cultivés et mécènes d’art.
Photo 18 : Zoé D. méditative devant les somptueuses toiles rassemblées par le collectionneur d’art Paul Guillaume. Au fond, on aperçoit l’œuvre d’André Derain (1880-1954), l’un des fondateurs du fauvisme, intitulée « Grand nu couché » (1926-1927).
Photo 19 : Henri Matisse (1869-1954), « Femmes au canapé » ou « Le divan » (1921). Séduit par la lumière du Midi de la France, Henri Matisse séjourna régulièrement à l’hôtel de la Méditerranée à Nice à partir de 1916. Il y développa un thème qu’il affectionnait déjà : l’ouverture depuis un intérieur un peu étouffant vers le monde extérieur libérateur, à travers une porte ou une fenêtre.
Photo 20 : Paul Cézanne, « Fruits, serviette et boîte à lait », vers 1880. La nature morte regroupant quelques objets familiers disposés sur une table ou un coffre a servi à Cézanne de support à de multiples variations. Les motifs qui le composent - coffre, pommes et couteau - apparaissent à plusieurs reprises dans ses peintures, tout comme le papier peint. L’angle de vue inhabituel sur les objets figurés ici était à l’époque de Cézanne d’une nouveauté totale et même choquante. L’axe central dessiné par le verre et le fermoir du coffre est contrarié par le couteau et la répartition asymétrique des fruits, du pain et du broc. De même, le couvercle du coffre ne forme pas un angle véridique avec le mur.
3. Visite de l’Assemblée nationale
Photo 21 : Le fronton du temple républicain qu’est l’Assemblée nationale.
A. Le trajet de l’Orangerie vers l’Assemblée nationale.
Photo 22 : L’équipe inter-lycées devant l’Assemblée nationale avec du soleil dans le cœur à défaut du soleil extérieur !
Photo 23 : Il bruine sur Paris, mais rien n’arrête notre volonté d’effectuer ce parcours stimulant pour découvrir le haut lieu de la politique française qu’est l’Assemblée nationale.
Photo 24 : Devant les grilles de l’Assemblée nationale, les élèves grignotent pour reprendre des forces.
C. Visite guidée par l’Attachée parlementaire du député, M. Hetzel.
N. B. : certains commentaires historiques sur la visite guidée proviennent du site en ligne de l’Assemblée nationale.
Photo 25 : Dans le hall d’accueil de l’Assemblée nationale avec les drapeaux français et européens, les deux co-organisatrices, Mme Catherine Bizot et Mme Claire Le Van, se réjouissent de vivre ensemble ces grands moments. Rappelons que le projet UNESCO « L’Europe, le miracle de la paix », coordonné par Claire Le Van, est franco-européen. Nous sommes accueillis chaleureusement par Mme Françoise Le Chenadec, attachée parlementaire au Palais Bourbon du député, M. Patrick Hetzel.
Photo 26 : Nous bénéficions d’un bref documentaire expliquant le travail des députés. Élu pour représenter la Nation, le député participe à l’exercice de la souveraineté nationale. Il vote la loi et contrôle l’action du Gouvernement. L’Assemblée nationale est composée de 577 députés, élus au suffrage universel direct pour cinq ans. Les députés sont députés de la Nation, c’est-à-dire qu’ils représentent la France entière. Dans leur circonscription, ils sont à l’écoute de leurs concitoyens et les rencontrent dans leur quotidien. L’image des députés siégeant dans l’hémicycle est familière à tous, mais connaissez-vous les trois missions principales de l’Assemblée nationale ? 1. Elle doit élaborer et voter les lois.
2. Contrôler l’action du gouvernement. 3. Évaluer les politiques publiques. L’équilibre et la séparation des pouvoirs (Montesquieu, L’Esprit des lois, 1748) entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont l’une des caractéristiques fondamentales de la démocratie. L’Assemblée nationale détient le pouvoir législatif, qu’elle partage avec le Sénat. Ces deux organes forment le Parlement.
Photo 27 : Nous découvrons ensuite la salle d’apparat, véritablement grandiose ! Cette grande salle, aménagée en 1845, a été conçue dans un style inspiré de la Renaissance.
Photo 28 : Notre guide nous donne des explications au sujet de cette galerie dévolue aux festivités : inaugurée en 1848, la salle possède un plafond orné de riches caissons, cinq lustres monumentaux et deux longues parois se répondant en miroir parfait. Sortant du Cabinet du Départ situé dans l’hôtel de Lassay, le Président qui est actuellement une Présidente, traverse la salle (ou galerie) des Fêtes pour se rendre à la salle des Séances.
Photo 29 : Françoise Le Chenadec, qui nous fait l’amabilité de nous guider, nous indique que le Palais-Bourbon tient son nom de sa première propriétaire, la duchesse Louise-Françoise de Bourbon, l'une des filles de Louis XIV. En 1722, elle décide de se faire construire un palais avec jardins dans un quartier encore très peu habité, lui rappelant la campagne. Son amant, le marquis de Lassay, fait lui aussi construire un hôtel particulier sur la même parcelle : c’est l'hôtel de Lassay. Aujourd'hui, le Palais-Bourbon abrite l'Assemblée nationale, où travaillent les 577 députés qui la composent.
Photo 30 : Les élèves se rendent dans la rotonde Alechinsky.
Photo 31 : Point de contact entre l’hôtel de Lassay, la Galerie des Fêtes et le Palais-Bourbon, la Rotonde s’orne, depuis 1992, d’une fresque de Pierre Alechinsky (1927-), illustrant une inscription du poète Jean Tardieu (1903-1995) : « Les hommes cherchent la lumière dans un jardin fragile où frissonnent les couleurs » (vers qui pourrait d’ailleurs décrire poétiquement les « Nymphéas » de Claude Monet !).
Photo 32 : Dans la Grande Rotonde, notre guide nous explique qu’un kiosque à journaux est situé dans cet espace, où a été installé un ascenseur permettant d’accéder aux salles et tribunes réservés aux journalistes.
Photo 33 : À partir de cette Rotonde, les journalistes peuvent accéder à la tribune de la presse et à leurs salles de travail, en empruntant les escaliers ou l’ascenseur, qui date de la fin du XIXème siècle. Dans un angle, une sculpture en bronze réalisée par Tim représente Honoré Daumier, un artiste français du XIXe siècle. Sous la Monarchie de Juillet, Daumier était célèbre pour ses caricatures et dessins politiques hostiles au roi Louis-Philippe.
Photo 34 : Voici la fresque de la paix, peinte au plafond de la salle des Pas-Perdus, en lien thématique direct avec notre projet UNESCO dont l’objectif est de transmettre une culture de la paix aux élèves. La salle des Pas-Perdus, appelée aussi salon de la Paix, est un endroit symbolique et solennel. Venant de l’hôtel de Lassay, le président de séance traverse la galerie des Fêtes, la Rotonde et la salle des Pas-Perdus pour se rendre dans la salle des Séances. Il emprunte alors la porte qui se trouve près de la statue de Minerve. Selon un cérémonial ancien toujours en vigueur, il est alors entouré d’une double haie d’honneur de gardes républicains qui l’accueillent au son des tambours. La présence de la Garde est symbolique mais elle reste importante, car l’armée est chargée de protéger la République. Une impression de solennité et de grandeur se dégage de la salle des Pas-Perdus. Au-delà des dimensions monumentales de cette salle, qui mesure 20 mètres de long sur 11 mètres de large, cette impression provient des murs en stuc jaune de Sienne, des sculptures et du remarquable plafond peint qui couronne l’ensemble. Ce plafond a été commandé en 1830 par Louis-Philippe et réalisé par le peintre Horace Vernet. Au centre se dresse la figure allégorique de la Paix tenant une branche d’olivier. De chaque côté, vous pouvez distinguer des génies de la vapeur : l’un sur terre et l’autre sur mer. Ils symbolisent la modernité, le progrès technique apportant paix et prospérité.
Photo 35 : Après l’hémicycle, la salle des Quatre-Colonnes est sans doute l’un des lieux les plus connus de l’Assemblée nationale : c’est en effet ici que les journalistes interviewent les députés les jours de séance. Le style architectural de cette salle fait référence à l’Antiquité. Cela n’a rien d’étonnant, car pour les législateurs, cette période symbolise la République. La porte faisant face au jardin est encadrée par deux bustes sculptés : à gauche, le député socialiste Jean Jaurès ; à droite l’auteure de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », Olympe de Gouges, guillotinée pour ses revendications égalitaires.
Photo 36 : Françoise Le Chenadec nous fait découvrir le salon Casimir-Perier, salle que les ministres traversent habituellement pour se rendre dans l’hémicycle. C’est notamment le cas les mardis, lorsqu’ils répondent aux « questions au Gouvernement ». Comme la salle des Quatre-Colonnes, l’architecture de cette pièce fait référence aux grands édifices de la Grèce antique. Notez ses colonnes cannelées aux chapiteaux corinthiens et son plafond à caissons, voûté en berceau. Ces éléments rappellent manifestement l’architecture des temples antiques. Aux extrémités de la voûte se trouvent deux bas-reliefs. Ils représentent des allégories de la loi – côté cour, la loi vengeresse ; et en face, la loi protectrice.
Photo 37 : Les élèves sont ravis de s’asseoir un moment dans ce somptueux salon, traversé par les ministres lorsqu’ils se rendent dans l’hémicycle. Les niches abritent des statues d’hommes politiques français. Les murs latéraux de ce vestibule ouvrant sur la cour d’honneur abritent les portraits en pied de Mirabeau face à Bailly, premier Président de l’Assemblée conduit au supplice les mains liées, ainsi que du Général Foy et de Casimir-Perier couvert d’un manteau à plis.
Photo 38 : C’est un lieu où il fait bon méditer en digne philosophe, sous la statue de Jean-Sylvain Bailly (1736-1793), fils du peintre officiel du roi Louis XVI, qui fut astronome, mathématicien et académicien, épris de philosophie. Élu député aux états généraux de mai 1789, il devient président de l'Assemblée nationale et se trouve être le premier à prononcer le serment du Jeu de Paume. Appelé à témoigner lors du procès de Marie-Antoinette, il refuse de l’accabler, ce qui va précipiter sa chute. Il est condamné à la guillotine. Il aurait dit avant de mourir à son bourreau qui remarquait ses tremblements involontaires : « Tu trembles, Bailly ? » - « Oui, répondit-il avec calme, mais seulement de froid ! ».
Photo 39 : Les élèves de 1ère AGORA du lycée Jules Verne enthousiastes de découvrir ces lieux impressionnants.
Photo 40 : Un temps de pause bien agréable lors de ce parcours passionnant dans le Palais Bourbon, sous la statue de Casimir-Perier. Député en 1817, il représentait l’opposition libérale et rallia Louis-Philippe en juillet 1830.
Photo 41 : Ce bas-relief en bronze est une œuvre du sculpteur Aimé-Jules Dalou, créée pour célébrer le centenaire de la Révolution française. Elle représente la fameuse séance parlementaire du 23 juin 1789, date inscrite sur le cartouche en bronze placé au-dessous. Pour comprendre cette scène, il faut remonter quelques jours en arrière… En pleine crise financière, Louis XVI réunit les États généraux à Versailles, afin de voter un nouvel impôt. Les États généraux sont composés des représentants du clergé, de la noblesse et du Tiers-État. Mais la réunion s’enlise. Le roi soutient le vote par ordre et non par tête, une position qui entérine la domination de la noblesse et du clergé. Les députés du Tiers-État prennent alors une décision révolutionnaire : estimant qu’ils représentent les 96 centièmes de la nation, ils se constituent en Assemblée nationale le 17 juin 1789. Trois jours plus tard, ils prêtent serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution au pays. C’est le fameux serment du jeu de Paume. La scène du Bronze se déroule, elle, trois jours après. Observons-la de plus près… La composition s’organise autour des deux personnages du premier plan : à droite Mirabeau et à gauche le marquis de Dreux- Brézé. Au cours de cette séance, ce dernier invite les députés à se séparer. Mais Mirabeau s’y oppose fermement en lançant sa célèbre apostrophe : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ». La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen est adoptée quelques semaines plus tard, le 26 août 1789. Elle est toujours considérée à travers le monde comme l’un des textes fondamentaux de l’histoire de l’Humanité.
Photo 42 : Nous voici dans le salon du Roi devenu salon Delacroix, qui fait pendant au salon Pujol. Notre guide nous explique que c’est ici que se concertent les députés siégeant dans l’hémicycle à la gauche du Président. Il s’agit sans doute du salon le plus spectaculaire de l’Assemblée nationale, notamment grâce aux remarquables décors peints par Eugène Delacroix. Conçu par Jules de Joly, ce salon, pendant du salon Pujol, est décoré de motifs commandés à Eugène Delacroix par Adolphe Thiers. Entouré de baies ouvertes et aveugles, ce salon possède un prestigieux décor peint de Delacroix qui a choisi de représenter sur les huit pilastres les principaux fleuves de la France ainsi que l’Océan et la Méditerranée. À gauche la Méditerranée et l’Océan, puis la Loire et le Rhin, ensuite la Seine et le Rhône et enfin, derrière vous, la Garonne et la Saône (dénommée Araris en latin). Au plafond et sur la frise voisine : sont représentées la Justice, l’Industrie, la Guerre et l’Agriculture. Le salon Delacroix est également appelé « Salon du Roi », car pendant la Monarchie de Juillet, certaines sessions parlementaires s’ouvraient en présence du roi Louis‑Philippe. Il siégeait ici sur un trône disposé dans la niche – trône aujourd’hui remplacé par un buste de Marianne.
Photo 43 : Avez-vous remarqué ? La Saône est figurée sous les traits d’un homme. Ce choix délibéré de l’artiste fut très critiqué à l’époque, car il contrevenait au canon artistique en vigueur. Les sujets du genre féminin devaient en effet être personnifiés sous les traits d’une femme et les sujets du genre masculin sous les traits d’un homme. Mais Delacroix, peintre fantasque pour les uns et visionnaire pour les autres, brise ce dogme afin de conserver l’équilibre homme/femme parmi les personnages (Delacroix était en avance sur son temps puisqu’il pratique la parité !). Un détail significatif, l’Océan dispose de deux paires d’yeux, un petit rectangle laisse entrevoir un autre regard ! Il s’agit d’un repentir, c’est-à-dire une modification de la peinture. En effet, lors de la monarchie, le regard de l’Océan était porté vers la niche où se trouvait le trône royal, puis lors de la République, le regard peint par-dessus est tourné vers l’hémicycle où siègent les députés de la Nation. Ce changement de l’orientation du regard a une portée fortement symbolique, il montre clairement que le pouvoir est passé des mains du monarque aux mains des représentants élus par le peuple. Cette modification a peut-être fait suite au changement de régime de 1848, mais aucune trace dans les archives ne permet de l’affirmer.
Photo 44 : Le groupe entre dans le cœur du Parlement : la salle des séances où ont lieu les débats entre les députés, haut lieu de la vie démocratique de la France. Nous voici dans la célèbre salle des Séances, où siègent les députés. Le public est installé dans les tribunes situées dans les galeries en hauteur. Cette pièce doit sa configuration au Conseil des Cinq-Cents qui s’y installa en 1798.
Photo 45 : L’hémicycle actuel a été aménagé de 1828 à 1832 par Jules de Joly, mais le fauteuil et le bureau du Président étaient déjà en place dans la salle du Conseil des Cinq-Cents. Une colonnade ionique de marbre blanc entoure la salle. L’hémicycle occupe 545 m2. Les députés siègent sur des bancs numérotés. Les pupitres sont équipés de boîtiers de vote électronique. En début de législature, les sièges sont répartis entre les différents groupes politiques. Chaque député se voit alors attribuer un siège selon son appartenance politique. Les deux premiers rangs des travées centrales accueillent les membres du Gouvernement et leurs collaborateurs, d’où l’inscription : « bancs des ministres » sur ces fauteuils.
Photo 46 : Les élèves sont abasourdies de se retrouver au cœur de l’hémicycle ! Notre guide leur rappelle que les textes de loi discutés à l’Assemblée sont proposés soit par le Gouvernement – on parle alors de « projets de loi » – soit par un parlementaire – on parle alors de « propositions de loi ». Ils doivent répondre à l’intérêt général, c’est-à-dire l’intérêt de l’ensemble de la société. Lorsque les députés examinent un texte, ils débattent sur chacun des amendements puis des articles. Ils passent ensuite au vote, le plus souvent à main levée ou par « assis ou debout » en cas d’incertitude. En général, le vote sur l’ensemble du texte donne lieu à un scrutin public ordinaire. Les députés se servent alors d’un petit boîtier électronique, placé sur leur pupitre. Trois possibilités leur sont offertes : pour, contre ou abstention. Les résultats sont affichés sur les écrans situés de chaque côté du perchoir. Une fois qu’un texte est adopté, il fait la navette entre l’Assemblée nationale et le Sénat. En cas de désaccord, c’est l’Assemblée qui a le dernier mot.
Photo 47 : Face à l’hémicycle, deux statues de Pradier « La Liberté » et « l’Ordre public » sont disposées dans deux niches de part et d’autre d’une tapisserie des Gobelins (1683-1688) réalisée d’après une fresque de Raphaël : « L’École d’Athènes », dont l’original se trouve au Vatican. L’hémicycle actuel a été aménagé de 1828 à 1832 par Jules de Joly. Derrière le Président, au-dessus des places tenues par les fonctionnaires chargés de l’assister dans le déroulement de la séance, un bas-relief de Roman (1830) illustre « La France distribuant des couronnes aux Arts et à l’industrie ». Au centre, deux détails méritent l’attention : la représentation de Janus, le dieu romain à deux têtes : il regarde à la fois vers le passé (symbolisé par l’Histoire) et vers l’avenir (symbolisé par la Renommée) ; repérez aussi les coqs qui surmontent les deux enseignes militaires. C’étaient à l’origine des aigles impériales, qui furent transformées pour apparaître plus républicains. Sous la tribune de l’orateur, le bas-relief de Lemot (« La Renommée embouchant sa trompette publie les grands évènements de la Révolution et l’Histoire écrit le mot République ») est, avec le fauteuil et le bureau du Président, le seul élément d’origine de la salle du Conseil des Cinq-Cents.
Photo 48 : Catherine Bizot et Claire Le Van, très émues de se trouver près du « perchoir » de l’Assemblée nationale. Elles se rappellent notamment que c’est de là où Simone Veil a prononcé son fameux discours en novembre 1974 pour la promulgation de l’IVG. Situées sous la tapisserie qui représente « L’Ecoles d’Athènes », en hommage aux grands philosophes et mathématiciens de l’Antiquité, elles savent que cette scène évoque les origines grecques de la démocratie. Décidemment, la philosophie est omniprésente en ces lieux !
Photo 49 : La salle de séances est dotée d’une immense verrière qui fait office de puit de lumière. Cette large verrière du XIXème siècle en forme d’éventail, composée de panneaux en verre soutenus par une structure métallique, se déploie au-dessus de l’hémicycle.
Photo 50 : La forme de cette verrière est fascinante.
Photo 51 : Nous voici dans le salon des Mariannes. Antichambre de la bibliothèque, cette salle accueille une collection de Mariannes, trente-deux bustes en terre cuite de personnalités de la Monarchie de Juillet réalisés par Honoré Daumier, et l’œuvre de l’artiste JonOne intitulée « Liberté, Egalité, Fraternité », qui a marqué l’entrée du street-art au Palais-Bourbon.
Photo 52 : Une adaptation de « la Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix, réalisée par l’artiste graffeur américain JonOne a été inaugurée en 2015. L'œuvre, nommée « Liberté, Égalité, Fraternité », reproduit fidèlement le dessin des deux personnages principaux du tableau de Delacroix, la Liberté et un jeune garçon, mais dans une version riche en couleurs et en courbes entrelacées typique de JonOne, new-yorkais d'origine dominicaine vivant aux Lilas (Seine-Saint-Denis). L'artiste a « choisi l'image de Marianne tenant le drapeau tricolore qui symbolise la jeunesse, l'avenir, l'espoir » et se voit comme membre d' « une génération qui doit combattre pour une liberté, celle de créer les conditions d'un avenir meilleur, malgré les difficultés que beaucoup de gens traversent, surtout le fléau de la pauvreté ».
4. Interview de Patrick Hetzel
« Après la visite guidée de l’Assemblée Nationale, qui était très intéressante et très enrichissante, la guide nous a conduit vers une partie de l’Assemblée qui n’était pas ouverte au public. Nous étions impatients de rencontrer le député M. Hetzel. Elle nous a emmené dans une salle de travail, somptueusement décorée avec des dorures et des lustres, où nous avons eu la chance incroyable d’interviewer le député. La salle était impressionnante. On se rendait compte qu’ici des réunions importantes entre députés avaient lieu. Nous nous sommes installés. Au fur et à mesure des minutes où nous attendions dans cette pièce, nous avions le souhait d’être à la hauteur de la situation. Nous avions préparé cette rencontre en amont avec Mme Le Van et Mme Bizot, mais les émotions sont plus fortes quand la rencontre a vraiment lieu. Le député est arrivé et nous a salué chaleureusement, ce qui a contribué à détendre l’atmosphère. Mme Le Van a offert un cadeau symbolique au député, puis elle a présenté les quatre parties de l’interview. Les élèves ont posé tour à tour leurs questions à M. Hetzel. Le député de la circonscription de Saverne a répondu aux questions avec une aisance oratoire impressionnante ! Du début jusqu’à la fin, nous avons été fascinés par ses réponses. C’est la première fois que nous rencontrions un député, un représentant de l’État, c’est-à-dire quelqu’un qui côtoie les personnalités politiques les plus influentes du pays ! Nous avons été d’autant plus admiratifs en remarquant la facilité avec laquelle il a répondu à nos questions ! Au bout d’une heure, l’interview s’est achevée, et nous avons quitté l’Assemblée Nationale heureux et marqués par cette incroyable rencontre que nous ne pourrons pas oublier ! »
Solène Marinho
Photo 53 : En début d’interview, Mme Le Van remercie chaleureusement, au nom de tout le groupe, le député, M. Patrick Hetzel, non seulement de nous avoir permis de bénéficier de la magnifique visite guidée de l’Assemblée nationale grâce à son attachée parlementaire, Mme Françoise Le Chenadec mais, de plus, d’avoir bien voulu nous accorder cette heure d’entretien, prise sur son emploi du temps chargé, afin de mener une interview préparée conjointement avec les élèves de THLP du lycée du Haut-Barr et de 1AGORA du lycée Jules Verne dans le cadre du projet UNESCO « L’Europe, le miracle de la paix ».
Photo 54 : En guise de cadeau symbolique, une gravure avec le portrait de Louise Weiss (1893-1983), la Grand-mère de l’Europe, lui est offerte par l’enseignante de philosophie, chargée par la Ville de Saverne pour la promotion de la vie et de l’œuvre de Louise Weiss.
Photo 55 : Le support de l’interview est distribué par la référente UNESCO, afin que chaque élève puisse suivre le déroulé des questions.
Photo 56 : M. Patrick Hetzel salue les enseignantes et les élèves, et exprime sa joie de pouvoir dialoguer ainsi avec la jeunesse sur des thématiques passionnantes, d’une grande actualité au vu des élections européennes prochaines.
Photo 57 : Une élève du lycée du haut-Barr pose une question relative à Louise Weiss et la transmission de son héritage symbolique sur la paix, l’Europe et l’égalité des genres.
Photo 58 : M. Hetzel formule des réponses précises et claires, illustrées par des exemples parlants. Il fait véritablement preuve de pédagogie pour que son propos soit aisément compréhensible par le jeune public.
Photo 59 : Une élève du Lycée Jules Verne présente la question suivante, relative à la politique européenne.
Photo 60 : À nouveau, M. Hetzel répond avec beaucoup d’à propos.
Photo 61 : Les questions-réponses s’enchaînent de manière fluide, du fait que l’interview a été bien réparée en amont par les élèves et les deux co-organisatrices.
Photo 62 : M. Hetzel s’emploie à clarifier les questionnement des jeunes tout en montrant la complexité de la situation actuelle où chaque problématique est rattachée à d’autres, rendant les solutions dépendantes d’éléments pluriels. Il devient clair pour les élèves que les réponses à l’emporte-pièce, simplistes, de certains polémistes sont des caricatures de la pensée ! M. Hetzel invite les élèves à penser avec nuance et modération, en inscrivant leur réflexion dans des perspectives variées, à échelle locale, mais aussi nationale et internationale.
5. Visite guidée au musée d’Orsay
Photo 63 : À notre sortie de l’Assemblée nationale, nous parcourons la rue Aristide Briand, « le pèlerin de la paix », ministre des Affaires étrangères à partir de 1925, ami de Louise Weiss et partisant de la réconciliation franco-allemande pour construire une Europe fédérale.
« Tout d’abord, en arrivant à Orsay, nous avons dû mettre nos sacs dans des casiers et nous nous sommes appareillés avec des casques, afin de recevoir des explications sans être perturbés par le bruit ambiant. Cela a garanti une visite agréable et instructive. Au début de la visite nous nous sommes assis devant l'œuvre datant de 1860 intitulée « Combats de coq ou jeunes grecques faisant combattre des coqs » de Jean Léon Gérôme. Cette œuvre représente un homme et une femme grecs observant attentivement un combat de coqs. L’aspect de la toile est lisse et uniforme, exactement comme les normes qu’avaient les académistes de l'époque, surtout lorsqu’il s’agissait de peindre des corps nus.
Ensuite nous avons vu l’emblématique œuvre d'Edouard Manet, « l’Olympia » peinte en 1863. Elle dépeint une femme nue couchée sur un lit, regardant le spectateur avec assurance. Elle est accompagnée d'une servante tenant un bouquet de fleurs. Cette œuvre a suscité un scandale à sa première exposition en raison de son sujet audacieux et de son style réaliste. Elle est considérée comme un exemple majeur et précurseur du mouvement impressionniste.
Nous avons admiré l’œuvre réalisée en 1868 qui se nomme « La Source » de Gustave Courbet. Le peintre transcende les conventions académiques habituelles en se concentrant plutôt sur le nu, un sujet noble mais équivoque. En dévoilant la vérité du corps, marqué par le corset et présentant de la cellulite, dans un paysage naturel, cette toile incarne l'audace du réalisme et de l'imagination de l'artiste. Cet artiste peint deux œuvres remarquables : « La mer orageuse », en 1870, et également « La falaise d’Étretat après l’orage », la même année.
Puis nous sommes montés à l’étage supérieur pour admirer « Les coquelicots » de Claude Monet, œuvre terminée en 1873. Nous avons enchaîné avec « Les raboteurs de parquet » de Gustave Caillebotte, toile peinte en 1875. Enfin, « L’église D’Auvers-sur-Oise » de Van Gogh peinte en 1890 a conclu notre visite dans le magnifique musée d’Orsay. Nous avons ensuite eu un quart d’heure de quartier libre et nous avons finalement quitté le musée d’Orsay pour retourner à la gare de l’Est. C’était une découverte forte et marquante ! ».
Mahla Tugend et Amandine Dinh
Photo 64 : Nous voici dans l’ancienne gare d’Orsay transformée en musée. Le 1er décembre 1986, le Président de la République, François Mitterrand, inaugura le nouveau musée qui ouvrait ses portes au public le 9 décembre suivant.
Photo 65 : Notre guide, historienne de l’art, nous convie à une visite sur les grands courants artistiques du 19ème siècle.
N. B. : les commentaires des toiles par la suite proviennent du site en ligne du Musée d’Orsay.
Photo 66 : Elle nous présente tout d’abord, l’œuvre de Jean-Léon Gérôme intitulée : « Jeunes Grecs faisant battre des coqs » (1846). Dans le style « néo-grec », marqué par le goût du fini, des colorations claires et de la peinture lisse, Gérôme représente un couple d'adolescents, aux corps largement dénudés, réuni au pied d'une fontaine. La nudité de la jeune femme ne choque pas dans la mesure où elle porte un voile de pudeur et où son sexe est représenté sans pilosité, lui conférant ainsi une beauté idéalisée. Leur jeunesse s'oppose au profil écorné du sphinx de l'arrière-plan. Cette opposition se retrouve entre la végétation luxuriante et les branches mortes sur le sol, dans l'affrontement des deux oiseaux dont l'un va bientôt périr. Théophile Gautier voit dans ce combat de coqs de « vrais prodiges de dessin, d'animation et de couleurs ». A vingt-trois ans, Gérôme fait ainsi une entrée remarquée dans le monde de l'art, avant de poursuivre la carrière officielle à laquelle il se destinait, jalonnée d'honneurs.
Photo 67 : Puis la guide nous conduit dans l’allée centrale consacrée à la statuaire.
Photo 68 : Jean-Baptiste Carpeaux, « Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste » (1872). Le baron Haussmann, le préfet de Paris qui a donné à la ville le visage qu'on lui voit aujourd'hui, commande à Carpeaux en 1867 une fontaine pour le jardin de l'Observatoire. Le sculpteur choisit de représenter les quatre parties du monde tournant autour de la sphère céleste. Non seulement les quatre allégories dansent une ronde, mais en outre elles tournoient sur elles-mêmes. L'Europe pose à peine les pieds par terre, l'Asie, avec sa longue natte, est presque de dos, l'Afrique est de trois-quarts, l'Amérique, coiffée de plumes, a le corps de profil et le visage de face. Ce goût pour le mouvement est l'une des caractéristiques de l'art de Carpeaux. Sa nature passionnée était tout le contraire du calme néo-classique. Ce n'est qu'en 1874, un an avant la mort de Carpeaux, que la fontaine est mise en place après avoir été coulée en bronze. L'enchevêtrement des jambes a beaucoup déplu au public de l'époque. Deux des bustes existent en tant qu'œuvres indépendantes. Carpeaux transforme la Chinoise en Chinois et l'édite en plusieurs matériaux différents. La figure de l'Afrique donne naissance à un buste exposé par Carpeaux avec l'inscription Pourquoi naître esclave. Cette référence à l'abolition de l'esclavage est aussi visible dans la statue : elle porte autour de la cheville la chaîne brisée de l'esclavage sur laquelle l'Amérique pose son pied.
Photo 69 : Gustave Courbet, « La source » (1868). Courbet s'est échappé des normes traditionnelles de la peinture en subordonnant la description de la nature à une expérience éminemment personnelle. Ses motifs furent principalement ceux de sa région natale, la Franche-Comté. La vallée de la Loue, ses grottes et ses sous-bois, furent ainsi inlassablement visités comme autant de repères nécessaires à l'équilibre de sa peinture. L'harmonie de l'ordre naturel et animal fut célébrée avec lyrisme, tout comme la fusion de la femme avec la nature. La Source fait fi de l'académisme allégorique habituellement réservé au sujet et s'inscrit dans la série de toiles que Courbet consacra au thème le plus noble et le plus équivoque de la peinture, le nu. En dévoilant la vérité d'un corps marqué par le port du corset, et en l'inscrivant dans le contexte d'un paysage identitaire, la toile symbolise avec audace autant le goût du réel, que l'imaginaire du peintre.
Photo 70 : Gustave Courbet, « La Mer orageuse », 1870. Au cours de l'été 1869, Courbet s'installe à Etretat, petite ville normande où Delacroix, Boudin ou Jongkind sont déjà venus se confronter à la mer. Les falaises de craie, la lumière subtile, la violence des tempêtes comme le calme des flots de cette région aux cieux changeants lui fournissent de nouveaux sujets. Ici, l'artiste donne une vision intense de la mer orageuse, tourmentée et inquiétante, traduisant la puissance sauvage des forces naturelles. « Sa marée vient du fond des âges », dira Paul Cézanne. Travaillant au couteau une matière épaisse, Courbet parvient en effet à donner une impression d'éternité. Il construit son tableau en trois bandes horizontales : le rivage sur lequel reposent deux barques, les flots traités dans une gamme vert sombre relevée du blanc de l'écume avec l’orange d’une voile lointaine et le ciel chargé de nuages.
Photo 71 : Gustave Courbet, « La Falaise d'Etretat après l'orage », 1870. Dans ce paysage pur, sans présence humaine ni anecdote, Courbet équilibre de façon magistrale sa composition entre la terre, la pierre, le ciel et la mer. Il parvient à rendre pratiquement palpables chacun des éléments naturels. La transparence de l'atmosphère, la lumière limpide d'après la pluie sont magnifiquement retranscrites. Le critique Castagnary, ami de Courbet et défenseur du réalisme, parle de « l'air libre et joyeux qui circule dans la toile et enveloppe les détails ». On comprend alors l'admiration des futurs impressionnistes pour la lumière et la franchise de Courbet. Au Salon de 1870, Courbet envoie « La falaise d'Etretat après l'orage », accompagnée de « La mer orageuse ». Les deux toiles, peintes à la même période, se répondent comme décrivant les phases successives d'un même phénomène. Les commentaires élogieux exprimés à cette occasion assoient un peu plus la notoriété de Courbet, et en font l'un des personnages incontournables de la vie artistique de son époque.
Photo 72 : Edouard Manet, « Olympia » (1863). Avec Olympia, Manet réinvente le thème traditionnel du nu féminin par le jeu d'une peinture franche et sans compromis. Le sujet autant que le langage pictural expliquent le scandale que l'œuvre provoqua au Salon de 1865. Même si Manet multiplie les références formelles et iconographiques : la « Vénus d'Urbin » du Titien, la « Maja desnuda » de Goya et le thème de l'odalisque à l'esclave noire traité par Ingres notamment, il traduit avant tout picturalement la froideur et le prosaïsme d'un sujet bien contemporain. La Vénus est devenue une prostituée qui défie de son regard le spectateur. Face à cette remise en cause du nu idéalisé, fondement de la tradition académique, la violence des réactions fut considérable. Les critiques vilipendèrent « cette odalisque au ventre jaune » dont la modernité fut pourtant défendue par quelques contemporains avec à leur tête Zola.
Photo 73 : Claude Monet, « Coquelicots » (1873). À son retour d'Angleterre en 1871, Monet s'installe à Argenteuil et y résidera jusqu'en 1878. Ces années correspondent à une période d'épanouissement. Soutenu par son marchand, Paul Durand-Ruel, Monet trouve également, dans la région qu'il habite, les paysages lumineux qui lui permettent d'explorer les possibilités d'une peinture de plein air. Il présente les Coquelicots au public lors de la première exposition du groupe impressionniste dans les anciens ateliers du photographe Nadar en 1874. La toile est devenue aujourd'hui l'une des plus célèbres. Elle évoque l'atmosphère vibrante d'une promenade à travers champs lors d'une journée d'été. Monet dilue les contours et construit une rythmique colorée à partir de l'évocation des coquelicots, par des taches dont le format démesuré, au premier plan, montre la primauté accordée à l'impression visuelle. Ainsi un premier pas vers l'abstraction est-il franchi.
Photo 74 : Les élèves admiratives devant la série des cathédrales de Rouen de Claude Monet, ici, à gauche, « La Cathédrale de Rouen. Le Portail vu de face » (1892) et « La Cathédrale de Rouen. Le Portail et la Tour Saint-Romain, plein soleil » (1893) à droite.
Photo 75 : Henri Fantin-Latour, « Hommage à Delacroix » (1864). L'admiration que l'auteur des Fleurs du mal porte à Delacroix témoigne du respect accordé au peintre par les artistes qui vont incarner la modernité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi Henri Fantin-Latour réalise, un an après la disparition de Delacroix, ce portrait collectif destiné à lui rendre l'hommage qu'il n'avait pas reçu de son vivant. Autour d'un portrait de Delacroix, réalisé d'après une photographie prise dix ans plus tôt, la scène réunit hommes de lettres et artistes. On peut notamment reconnaître Fantin-Latour lui-même, en chemise blanche et la palette à la main, James Whistler debout au premier plan, Edouard Manet, les mains dans les poches, et bien sûr Baudelaire, assis à droite, le visage crispé. Cette œuvre est la première grande composition d'un artiste très lié aux impressionnistes ; elle révèle le goût de Fantin-Latour pour la recherche psychologique, le dessin précis et les harmonies sombres.
Photo 76 : Vincent Van Gogh, « L'église d'Auvers-sur-Oise, vue du chevet » (1890). Après son séjour dans le sud de la France, à Arles puis à l'hôpital psychiatrique de Saint-Rémy de Provence, Vincent van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, village des environs de Paris. Son frère Théo, inquiet de sa santé, l'a incité à rencontrer le docteur Gachet, peintre lui-même, qui accepte de s'occuper de lui. Durant les deux mois qui s'écoulent entre son arrivée à Auvers le 21 mai 1890 et sa mort, le 29 juillet, l'artiste réalise environ soixante-dix toiles, soit plus d'une par jour, et de nombreux dessins. Ce tableau est le seul que Vincent van Gogh a consacré à l'église d'Auvers. Cette église, construite au XIIIe siècle dans le premier style gothique, flanquée de deux chapelles romanes, devient, sous le pinceau de l'artiste, un monument flamboyant qui semble prêt à se disloquer sous une pression venue du sol et des deux chemins qui l'enserrent. Si l'on compare ce tableau avec les « Cathédrales » de Claude Monet, peintes peu de temps après, on mesure ce qui sépare la démarche de van Gogh de celle des impressionnistes. Contrairement à Monet, il ne cherche pas à rendre l'impression des jeux de la lumière sur le monument. Même si l'église reste reconnaissable, la toile propose moins au spectateur une image fidèle de la réalité qu'une forme d' « expression » de celle-ci. Les moyens plastiques utilisés par van Gogh annoncent le travail des fauves et des peintres expressionnistes. La guide insiste sur le fait que dans sa correspondance avec son frère Théo, l’artiste relate que le chemin est peint en rose, or, la couleur actuelle est brune. Certains ont pensé que cette méprise sur la couleur résultait de la folie de l’artiste, or, en réalité, il s’agit simplement de la pigmentation de la peinture qui, étant de mauvaise qualité, a viré avec le temps du rouge vers le brun.
Photo 77 : Catherine Bizot et claire Le Van admirent l’oeuvre de Van Gogh qui clôture cette magnifique visite guidée, dont les enseignements resteront dans nos mémoires.
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Photo 78 : Un arc-en-ciel (providentiel !) à notre sortie du musée d’Orsay qui est un bel hommage naturel aux palettes colorées des artistes contemplés !
Photo 79 : Nous traversons le somptueux pont royal, dont les piliers revêtent la forme d’un bec triangulaire chaperonné, pour nous rendre du musée d’Orsay vers le Louvre et le Jardin des Tuileries par une belle lumière de fin de journée.
Photo 80 : Nous passons devant la pyramide du Louvre avant de regagner le métro.
6. Le départ de Paris et le retour à Saverne
Photo 81 : Le groupe du Lycée du Haut-Barr ravi de cette journée incroyable !
Photo 82 : Le groupe du lycée Jules Verne tout aussi enthousiaste !
REMERCIEMENTS :
À la Direction du Lycée du Haut-Barr : Roland Buttner, proviseur, Laurence Jézéquel, proviseure-adjointe, Morgane Montembault, gestionnaire, pour leur indéfectible soutien, ainsi qu’à la Direction du Lycée Jules Verne : Alain Thause, proviseur, Christine Beck, proviseure-adjointe, pour leur engagement dans ces belles mutualisations inter-établissements !
Un grand merci au député de circonscription, M. Patrick Hetzel, et à son équipe d’attachées parlementaires, en particulier, Mme Catherine Rieffel à Saverne et Mme Françoise Le Chenadec au Palais Bourbon.
Merci à tous les partenaires financeurs qui soutiennent le projet UNESCO « L’Europe, le miracle de la paix » dans lequel s’inscrivent ces actions : la Ville de Saverne et ses instances culturelles, la SMLH 67 ; les clubs service : Rotary Club, Lions Club, Kiwanis cité des roses, Kiwanis de Saverne ; le Souvenir français ; les Archives départementales de Strasbourg ; la Fondation « Frieden lernen, Frieden schaffen » ; les instances européennes ; l’Assemblée nationale.
Merci aux deux collègues accompagnatrices, Edwige Lanères et Marianne Donnat, ainsi qu’aux élèves pour leur participation enthousiaste et leur incroyable joie d’apprendre !
Merci à Catherine Bizot pour la complicité amicale qui s’est tissée entre nous tout au long des préparatifs en amont, lors de cette journée exceptionnelle du 22 février 2024, et en aval, lors de la rédaction des supports-bilan, notamment de la retranscription de l’interview de M. Hetzel.
Claire Le Van, le 14. 04. 2024.